monplaisir
echocanyon



Monplaisir
Demo – 12''
Echo Canyon 2016

Monplaisir c’est le nom d’un quartier de cette bonne vieille ville de Lyon, incroyable cité des lumières au retentissement culturel indéniable. C’est aussi le nom d’un tout jeune groupe avec plein de morceaux d’autres groupes dedans (parmi lesquels Sport que je me fais un plaisir de citer, parce que je suis très loin d’être friand de ces derniers) et dont le credo est bien ancré dans un rock indé tout en guitares subtilement noisy. Vous avez dit Sonic Youth ? Monplaisir ne s’en cache absolument pas – mon petit doigt me dit même que le groupe a au départ été formé dans le but principal de faire une sorte de tribute band aux new-yorkais – et on sent une évidente fascination chez ces jeunes gens pour les perturbations soniques et autres techniques dentellières de Thurston Moore et Lee Ranaldo. Mais attention : il ne s’agit pas du Sonic Youth expérimental et bruyant des débuts (Confusion Is Sex, Bad Moon Rising), ni du Sonic Youth fougueux mais déglingué des albums Sister ou Daydream Nation, ni de celui plus calibré et surgonflé de Goo et Dirty… Je vous vois venir, avec vos regards un peu inquiets et vos moues boudeuses : Monplaisir s’inspirerait donc des albums en pente descendante de la bande à Kim Gordon and C°, ceux de la fin des années 90 et des années 2000 ? Oui mais pas vraiment non plus.

Disons que les quatre Monplaisir relient entre eux plusieurs aspects du rock noisy et indé sauce Sonic Youth et tentent de les transcender en un tout plus que cohérent (la cohérence n’ayant pas toujours été l’apanage de leurs illustres modèles). Les qualités premières de Monplaisir sont donc cette élégance et ce panache délicats derrière lesquels se dissimule une ardeur féline à peine rentrée et qui n’hésite jamais à déborder un peu plus, mais toujours avec la mesure nécessaire. Car si les dissonances tournoyantes ne sont définitivement pas le paradigme incontournable de la musique du groupe, les guitares conservent ici toute cette étrangeté séduisante et hypnotique au charme d’abord discret puis évident. Dès lors il ne s’agit plus pour Monplaisir de copier bêtement ni de réciter par cœur les dix commandements du rock indé made in New-York/New Jersey (après tout il y a aussi pas mal de Yo La Tengo chez les lyonnais) mais de dérouler de longues compositions, dynamiques et structurées sur lesquelles le chant juvénile ce qu’il faut se pose également avec une élégance certaine avant de laisser la place à des envolées à la fois noisy, atmosphériques et finement ciselées. Il y n’avait qu’un tout petit créneau à prendre au milieu de toute cette histoire musicale surchargée et sans cesse rabâchée depuis des années et Monplaisir a su brillamment le trouver.

Alors mille fois tant mieux si ces enregistrements ont pu bénéficier d’une publication en vinyle : d’abord mis en ligne sur internet par le groupe lui-même, ces « démos » méritaient un bien meilleur sort et le label lyonnais Echo Canyon ne s’y est pas trompé. Là aussi on remarquera l’élégance simple et fine d’une pochette cartonnée uniquement ornée d’un obi… je viens d’écrire ma première chronique sans aucun gros mot depuis fort longtemps, merci infiniment.

Hazam (12/02/2017)