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Meat Wave
The Incessant – LP
Side One Dummy/Big Scary Monsters 2017

Après avoir décroché la lune avec le disque précédent, Meat Wave tente de rééditer un exploit identique avec le troisième album The Incessant. Le trio de Chicago n'a peur de rien. Si The Incessant s'inscrit dans la continuité de Delusion Moon, il n'en demeure pas moins plus sombre, varié, moins axé sur des mélodies évidentes se reprenant en chœur dans la seconde même. En plus, avec la production de Steve Albini qui rend le propos plus dur et carré, The Incessant est un album dont le temps de séduction est plus long mais pour un résultat identique au final, c'est à dire qu'il rend terriblement accro.
Le cœur du chanteur-guitariste Chris Sutter a dicté l'humeur de The Incessant, chargé d'un gros chagrin d'amour qu'il était. Désolé pour lui, ce disque rend tout de même euphorique. Ce n'est pas que c'est bon de se réjouir du malheur des autres mais les ondes moins positives de The Incessant ne peuvent lutter contre la qualité d'écriture de Sutter toujours aussi doué pour pondre des morceaux qui ont tous des allures d'hymnes punks acides et fougueux. Même avec de gros nuages noirs au-dessus de sa jeune tête de 24 printemps. Il a le riff facile qui sonne juste, les trois notes qui font décoller n'importe quelle compo basique, avec toute la finesse et le perçant nécessaire. Et avec une section rythmique sans fioriture et qui fait impeccablement le boulot pour le soutenir, Meat Wave assure une nouvelle fois son quota de titres imparables comme Run You Out, Tomosaki, To Be Swayed ou Mask, soit des petites bombes qui explosent à la tronche en moins de deux minutes.
Mais The Incessant, c'est également un album où les titres se rallongent, étirent les mélodies dans des méandres plus entortillés, des répétitions pour faire monter l'intensité, encore plus d'harmonies libératrices et cinglantes, se donner un coup de pied au cul et ne pas s'apitoyer sur son triste sort, jusqu'à rajouter une couche de grésillements et de dissonances qu'on ne leur connaissait pas avec la doublette The Incessant et Killing The Incessant pour se débarrasser définitivement du passé. Mis à part un gros coup de blues avec le calme et beau Birdland, Meat Wave se soigne en appliquant une recette que le trio maîtrise parfaitement à base de lignes mélodiques accrocheuses sans choisir la facilité, durcisse le ton tout en se mettant un peu plus à nu, des événements qui tannent le cuir sans enlever de l'innocence. Meat Wave continue de tourner en orbite autour de la lune.

SKX (15/03/2017)