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Karies
Es Geht Sich Aus – LP
This Charming Man/Harbinger Sound 2016

Deuxième album pour les Allemands de Karies. Avec un syndrome identique à Seid Umschlungen Millionen, premier album qui naviguait entre deux eaux. Sauf que si ce précédent album avait fini par faire pencher la balance du bon coté, Es Geht Sich Aus aurait tendance à verser sur l'autre flanc. Pire, à laisser indifférent. C'est loin d'être un mauvais album mais il est à l'image de la pochette. Une nature morte, eau calme et calme plat, distant et ne procurant guère d'émotions.
Es Geht Sich Aus a pourtant de l'allure, des morceaux plaisants (les deux titres introductifs, Es Ist Ein Fest et A), des riffs qui font mouche mais l'ensemble a comme perdu de sa saveur. La nervosité du post-punk sec et entraînant de Karies s'est sensiblement estompée pour visiter sa face plus mélancolique. Plus de cavalcades effrénées comme Traum von D. et Sylvia. Les compositions s'inscrivent dans un format proche du EP 4 titres réalisé début 2016, à savoir concis, sauf qu'au lieu d'accentuer le punk comme le quatuor de Stuttgart l'avait judicieusement fait, il privilégie une approche mélodique et plus propre perdant de l'abrasion au passage. Idem pour le chant qui se pose et ne cherche plus systématiquement l'urgence. Le rythme général connaît un ralentissement. Karies s'est assagi.
C'est imperceptible au début mais à force d'écoutes, apparaît un manque, un peu de piment, un bout de nerf qui reste coincé dans les portes de la retenue et sans doute aussi, des compos en dedans (Jugend, Ostalb, Pervers ou Einheiten qui sort l'acoustique), des mélodies, des accroches pas assez tueuses ne permettant pas de rattraper le déficit d'exaltation. On y croit souvent, le retour de flamme est même réel le temps du morceau qui a donné son titre à l'album, Überlegen qui retrouve du trépidant et sur trois ou quatre autres passages mais j'ai beau essayer encore et encore, le feu ne prend pas, bien que le ton général, au risque de se répéter, soit agréable. Reste le souvenir fugace de beaux morceaux mais qui s'oublient trop rapidement, un album un peu fade, un peu trop appliqué à qui il ne manquait pourtant pas grand chose. Et là, il est question à nouveau de la pochette, la métaphore parfaite du verre à moitié vide ou à moitié plein pour conclure sur cet album dont je ne sais au final trop quoi penser.

SKX (23/02/2017)