idles

Idles
Brutalism – LP
Balley records 2017

Quel groupe punk oserait mettre sur la pochette un portrait de la mère du chanteur décédée à la suite d'une longue maladie comme on dit pudiquement ? Avec à ses pieds une sculpture du chanteur Joe Talbot et de son père qui fait office de pierre tombale et ce qui ressemble à une lettre d'adieu d'un fils à sa mère à l'intérieur ? C'est Idles, un nouveau groupe anglais (Bristol) capable de mêler l'intime et la gouaille de gamins de la rue, impudique et renfrogné, d'accoucher d'un album punk, rageur, agressif mais aussi mélodique et terriblement accrocheur, d'être salement sarcastique et poignant, en colère contre le monde entier mais avec plein d'amour à revendre, des gars rustres qui jouent aux déconneurs mais plus sophistiqués qu'ils n'y paraissent, capable de faire remonter à la surface des souvenirs musicaux anciens tout en sonnant frais et revigorant. Idles cultive donc le paradoxe.
Au final, on retient surtout un groupe qui ne triche pas, passionné, qui fait avec les moyens du bord et écrivant des morceaux basiques qui font mouche en un clin d’œil. Et c'est peut-être bien là le revers de la médaille. Faudra pas s'étonner si le crédit de ces morceaux vient à s'épuiser plus rapidement que prévu, la consistance et l'endurance n'étant pas leurs qualités premières. De plus, ces morceaux auraient une certaine tendance à finir par tous se ressembler. Tube sur tube construit sur un schéma identique. La section rythmique pour le socle, qui fonce, sûr d'elle, mécaniquement imperturbable. Les deux guitares (qui ne donnent pas toujours l'impression d'être deux) tournent autour, cisaillent, ajustent le petit riff qui faut, pimentent, finassent et font pas mal avec peu. Et on en revient au chanteur, bulldog touchant possédant une rogne naturelle avec ses paroles qui font mal (My friend is so depressed / she wanted to have sex, la suite parlant d'aller pisser dans l'évier pendant qu'elle se déshabille lentement sur 1049 Gotho). Un gars qui vous marche dessus et vous postillonne à dix centimètres de la tronche sa franchise mordante et ses vers répétitifs.
Treize titres tour à tour violents, drôles, douloureux, succession d'hymnes punky-noise sans radicalité et aux refrains fédérateurs. Il faudra augmenter le niveau du songwriting pour passer un palier et durer mais en attendant, Brutalism est un premier album instinctif fort réjouissant.

SKX (22/11/2017)