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Hepa-Titus/Teenage Larvae
Omega Pig – 3xLPs
Rock Is Hell 2017

Omega Pig commence par un rire. Un bon gros rire à gorge déployée. Les rires d'un certain Miles Dougal. Qui n'arrête pas de rire. Qui n'en peut plus de rire. De couiner. De se taper sur les cuisses. A s'en pisser dessus. Pendant près de trois minutes. Tu ne le sais pas encore mais ce morceau (car c'est un morceau à part entière avec un vrai nom, Golden Laff) donne le ton de l'album. Omega Pig va te faire rire. Jaune régulièrement. Ou pas du tout, le plus souvent. Ou un rire pour se moquer. Ou pour exorciser ses peurs.
Le Monsieur Loyal s'appelle Kevin Rutmanis. Cows, Melvins, Tomahawk, ses groupes ne se comptent plus (même si personnellement ça sera pour toujours et uniquement le bassiste des Cows, point barre). Il joue dans Hepa-Titus avec Paul Christensen (batteur de Qui) et Sterling Riley. Ça fait des années que ça dure. Depuis 2010 au moins. Une multitude d'enregistrements dont trois albums sur Amphetamine Reptile. Avec des pochettes spécialement fabriquées par le patron d'Amrep. Qui sont déjà sold-out avant la sortie. Et donc coûte un bras. Business is business. Rutmanis a également ressuscité Teenage Larvae. 24 ans que cet obscur groupe n'avait rien sorti (soit un 7'' et le 10'' Songs For Pigs). Il manquait à personne mais bref. Rutmanis a rappelé son pote David B. Livingstone, guitariste de feu God Bullies et le duo va pouvoir se retaper des barres de rire.

Omega Pig est donc un split entre deux groupes qui sont pratiquement le même. Sur le premier vinyle blanc uniface qui tourne en 45 tours, Hepa-Titus paie ces trois morceaux. Sur le troisième vinyle blanc uniface qui tourne en 45 tours, Teenage Larvae part pour un seul et long titre de onze minutes. Et au milieu, sur le deuxième vinyle blanc qui a deux faces et qui tourne en 33 tours, Hepa-Titus et Teenage Larvae sont ensemble. On ne sait pas s'ils copulent et qui fait le cochon et l'autre la cochonne ou si c'est chacun sa face vu que rien n'est indiqué à part les titres et que musicalement, les deux entités portent une croix musicale très similaire.
Parce que ce triple disque, je crois bien qu'il ne fait rire qu'eux. Et quelques potes qui sont venus dire bonjour comme King Buzzo (Melvins). Toujours dans les bons coups quand il s'agit de faire n'importe quoi. Omega Pig n'a ni queue ni tête. Tout est donc normal. Le cahier des charges est respecté. A part une poignée de morceaux ou rares passages ayant un rapport avec du rock, des structures plus ou moins claires, un début et une fin à peu près identifiés et une histoire même un peu floue au milieu, Omega Pig est avant tout un disque de collages sonores, de voix enregistrées à la mauvaise vitesse, de samples loufoques, décalés, d'atmosphères étranges qui prennent ou qui ne prennent pas et qui finissent toujours pas un gros doigt d'honneur à la fin. Car Rutmanis et sa bande n'en ont rien à foutre de ta tronche (c'est pas possible autrement). Sur ces précédents albums, Hepa-Titus avait pourtant ces bons moments. Certains de ces morceaux évoluent même à leur avantage. Mais là, c'est la face expérimentale et elle est ardue. Comme Teenage Larvae a engagé un combat identique, le goût du kitsch en plus, la tâche n'est franchement pas aisée.

Le meilleur reste finalement l'emballage. Le label autrichien Rock Is Hell est un spécialiste des pochettes et objets qui font saliver l’œil. Mow Skwoz est l'artiste qui a signé l'artwork d'Omega Pig. Et sur les faces des deux vinyles qui n'ont pas de musique, il est inscrit en lettres capitales et en couleurs, CU sur une face et NT sur l'autre. A mourir de rire.

SKX (05/07/2017)