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muzai


Girls Pissing On Girls Pissing
Songs Of Sodomy And The Compost Of Aethyr - Jeu de Tarot
Muzai 2017

Girls Pissing On Girls Pissing tire les cartes. Je n'avais encore jamais acheté un jeu de tarot afin d'écouter de la musique. Girls Pissing l'a fait. 78 cartes illustrées par le groupe néo-zélandais avec, glissé à l'intérieur, un code de téléchargement. Parce qu'on est quand même là pour s'en mettre plein les oreilles, pas pour se lancer à la chasse au petit sur un coin de table en buvant des coups. La démarche des kiwis n'a cependant rien de surprenant puisqu'ils avaient réalisé leurs deux premiers albums sous forme de livres avec une cassette à l'intérieur et que le dernier album en date était un beau double album avec un épais livret richement illustré. Girls Pissing a donc franchi un sérieux pas dans l'originalité et si on peut regretter de ne pas voir tout ça sous la forme d'un beau vinyle, l'entreprise est à saluer. Tout est fait à la main et avec amour. Et un poil de folie. Certains privilégiés ont même eu la chance de voir leur jeu de tarot livré dans un coffret rond en bois. Et puis surtout, pour sortir cet album, il aurait fallu publier un quadruple album. Dix-huit titres, presque une heure et demi de musique, il faut avoir le moral. Et le porte-monnaie.

Songs of Sodomy And The Compost Of Aethyr. Girls Pissing On Girls Pissing va donc nous causer sodomie et occultisme. Ça se tient. Une belle bande de freaks qui a toujours été très porté sur le mysticisme. Ils ont cette fois-ci tout mis ce qu'ils avaient dans leur esprit torturé. C'est long 90 minutes de musique, c'est pas raisonnable, c'est d'une autre époque. Mais comme Girls Pissing n'appartient pas vraiment à notre monde, que leur sensibilité et leurs préoccupations sont ailleurs, cette nouvelle livraison ne peut une nouvelle fois qu'être à part dans le monde sclérosé de la musique, aussi bien dans la forme que dans le fond et nous promet un nouveau voyage au pays de l'étrange. L'hypnose continue. Girls Pissing a beau faire du Girls Pissing, l'album a beau être exagérément long, le temps passe plus vite, le temps passe différemment avec Girls Pissing. Un monde peuplé de mélodies de guingois, de difformités en noire et blanc, de chimères inquiétantes prenant la voix enchanteresse et troublante d'Aki Bukkake (on reste dans le thème), d'un type bizarre qui asticote tout le monde avec son chant allumé (Casey James Latimer qui a désormais ajouté Pope devant son nom...), des synthés qui imitent des instruments à vent, des vrais cuivres et autres sonorités bizarres et flottantes, des percussions, des clochettes, des guitares faméliques ou pas de guitare du tout, et toujours cette lancinance, cette procession tendue, faussement lente et sombre, très sombre. Certains morceaux tiennent à rien, assemblage précaire d'une instrumentation minimaliste. D'autres plantent leur dard empoisonné avec des coups de rythmiques précis et cinglants, une guitare perçante et des titres se distinguant du lot au fil des écoutes comme Genuflect In Coma et LAShTAL, l’œuvre demandant du temps avant d'être assimiler. Et encore, il est impossible d'en faire le tour.

L'harmonie et le chaos, le rêve et le cauchemar, le divin et l'hérésie, Girls Pissing nous habitue à naviguer entre deux-eaux, à léviter au-dessus d'un nid de vipères. La funeste mélopée du groupe commence à être bien connue mais on se fait attraper à chaque fois. Pour tous les autres, Songs of Sodomy And The Compost Of Aethyr est une sublime et totale mise en abyme pour découvrir ce groupe singulier. Sinon, vous pouvez toujours aller faire une partie de tarot.

SKX (04/05/2017)