darkthrone
peaceville


Darkthrone
Arctic Thunder – LP
Peaceville 2016

Il serait totalement mensonger de ma part de prétendre que c’est dans un état d’extrême fébrilité que je me suis précipité pour écouter ce Arctic Thunder à sa sortie, car en réalité l’empressement à proprement parlé n’est plus de mise depuis The Cult Is Alive en 2006. Bon album cependant, mais qui marquait la fin d’une époque faste ainsi qu’un changement de cap assez radical aussi bien musical (débarquement d’influences crust notamment) que proprement esthétique (au revoir le minimalisme et l’aura de mystère qui entourait le groupe, et bonjour les sessions photo/vidéos délibérément débiles et les bavardages fréquents avec les médias). Ce virage opéré en 2006 ne plaira pas à tout le monde, et Darkthrone aura désormais à souffrir des mêmes reproches redondants qu’un autre groupe majeur des années 90 : Neurosis. Tous deux ont sorti ont sorti des chefs-d’œuvre iconiques et indépassables durant les glorieuses 90’s. Souls At Zero, Through Silver In Blood ou bien encore Times Of Grace, pour l’un. Under A Funeral Moon, Transilvanian Hunger ou bien, (et il y en a d’autres dans les deux cas) Panzerfaust, pour l’autre. En conséquence de quoi, et c’est tout le problème avec ces vieux groupes cultes jadis adulés, chaque nouvelle sortie est donc systématiquement sujette aux incessantes comparaisons et pinaillages sans grand intérêt de la part d’anciens fans revanchards.

C’est bien beau cette affaire, mais qu’en est-il exactement de ce petit dernier ? Eh bien, si vous n’avez toujours pas assimilé que nous sommes en 2017 et non pas en 1993/94 ou 95 (vous laisse choisir votre calibre), que vous avez conchié de toutes vos forces les cinq albums précédents, vous pouvez retourner à vos billes, celui-ci ne vous réconciliera pas d’avantage avec les Norvégiens. Voilà, c’est dit, c’est fait. Pour les autres, ceux qui ont accepté, et surtout apprécié la nouvelle direction empruntée par Fenriz et Nocturno Culto, c’est dans la poche ! Prenez ce Tundra Leach qui ouvre les hostilités par exemple, et qui est le seul morceau disponible à l’écoute de façon officielle sur le net, eh bien c’est du pur Darkthrone : à savoir un morceau basé sur un riff immédiatement assimilable qui saisit à la gorge, une prod’ raw et les vociférations râpeuses de Nocturno Culto. Burial Bliss creuse également ce même sillon de façon certes efficace mais un peu rébarbative en raison de sa longueur. A ce stade, on pourrait avoir l’impression que le groupe essaye de se distancier des expérimentations heavy (sauce Darkthrone, hein) de l’album précédent en revenant à une formule plus classique, mais l’étonnant Boreal Fiends vient balayer cette impression et fait bifurquer l’album sur une autre voie. Morceau à moitié doom sans vraiment l’être, car pétri d’influences multiples (heavy trad, black metal…). Ces dites influences parsèment d’ailleurs tout le reste de l’album pour un résultat plutôt réussi. Aaaah l’excellent, et lui aussi doomesque, Throw Me Through The Marshes, le glacial (un peu Immortal sur les bords) Deep Lake Trespass… Même si, a priori, aux premières écoutes, Arctic Thunder semble moins surprenant que The Underground Resistance, ses évidentes qualités sont là pour nous rappeler qu’au fil du temps les gusses de Darkthrone se sont transformés en véritables Cramps du metal, sortes d’antiquaires old-school qui puisent désormais toute leur inspiration dans tout un patrimoine de références obscures (ou pas, d’ailleurs) qu’ils agencent entre elles afin de leur rendre hommage en se payant du bon temps. Seule déception personnelle, Fenriz ne pousse pas du tout la chansonnette sur ce skeud.

Vincent/LNO (06/02/2017)