couchslut
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Couch Slut
Contempt – LP
Gilead Media 2017

Cette fois-ci, Couch Slut a retenu la leçon. Le groupe new-yorkais n'a pas mis le dessin le plus salace en couverture principale. Il faut déplier l'insert pour mater ce grand moment de sport sous l’œil connaisseur d'un mari en sueur.
Ce qui ne signifie aucunement que Couch Slut a musicalement mis de l'eau dans son vin. Au contraire, Couch Slut est plus rentre-dedans que jamais. Est-ce dû au départ d'un des deux guitaristes (Amy Mills) laissant Kevin Wunderlich gérer toute la complexité de l'affaire, offrant ainsi moins de possibilités et de nuances ? Non pas que My Life As A Woman était un joli conte de fées pour pied tendre mais là, Contempt vous prend quand même par devant et par derrière. Le chant de Megan Osztrosits fait également moins dans la dentelle. Le début de Contempt est un long cri rageur qu'un arracheur de dent aurait du mal à faire reproduire à son patient, une putain de boule de nerf en action qui fait peur en proposant une palette vocale moins variée.
Bref, tout ça pour dire que les premières écoutes ont laissé un poil perplexe. Un comble quand l'album précédent avait été porté aux nues. Mais le temps de se remettre de ces émotions et le rouleau-compresseur Couch Slut finit par effectuer ses basses œuvres, flatter les instincts les plus primaires tout en relevant peu à peu la tête pour entendre que le quatuor n'a pas perdu sa verve et n'avait rien d'un éjaculateur précoce.

Je passerais sous silence les nombreux invités qui apportent leur contribution avec une instrumentation originale dans un tel contexte (saxophone, clarinette, accordéon, violon, trombone et tuba) pour la bonne et simple raison qu'on ne les entend pas. A l'instar de My Life As A Woman, il faut le lire sur la pochette pour le croire. A peine entend-on comme des cloches sur Penalty Scar. Tout le reste est assourdi, piétiné par la furie noise de Couch Slut. Les compositions sont sans doute moins épiques et émotionnellement prenantes mais elles sont d'une violence rare. Les deux titres d'ouverture, Funeral Dyke et Company Picnic With Dust Off, voir toute la face A, vous collent au mur en moins de deux parce que Penalty Scar est aussi drôlement burné et à fond. Il y a toujours le meilleur du meilleur de Today Is The Day dans ce Couch Slut, plus que jamais, divinement malsain, punitif et intense à en crever.
Et puis les détails finissent par surgir, les respirations se font sentir. Le guitariste fait le boulot pour deux, sort des riffs malicieusement mélodiques – ce qui était un des points forts précédemment et moins nombreux sur Contempt – tordus ou méchamment implacables. La chanteuse finit par retrouver de la mesure et de la nuance, notamment sur les trois morceaux de la face B qui est de haute volée. Une face retrouvant du relief et de la variété pour que la violence soit encore plus vicieuse, des rythmes qui ralentissent, des structures à rallonge et à tiroir mais sans longueur finissant par achever l'auditeur qui a bien fait de persévérer dans l'effort même si ça fait un peu mal au départ. Les neuf minutes finales de Won't Come vous attrapent ainsi presque par surprise avec la voix d'Osztrosits qui semble lointaine, comme enfermée dans une cage où on avait fini par la mettre puis devenir harmonieux pour un titre au final quasiment apaisant après tout ce déluge.
Couch Slut dans toute sa bestialité accrue reste un animal homérique capable de finesses insoupçonnées, de morceaux grandioses et éclatants et de construire des titres qui prennent totalement au dépourvu et fascinent. C'est leur grande force et elle fait encore des ravages. Contempt est peut-être légèrement en-dessous du précédent mais bordel, quelle raclée !

SKX (16/10/2017)