classemannequin
head



Classe Mannequin
s/t – LP
Head 2016

C'est pas tous les jours qu'un disque pop est chroniqué dans ces pages de rustres et de cabochards. Ça doit être les prémices du printemps, les jours qui rallongent, l'envie d'aller traire une biquette dans les vallées verdoyantes. Ou cela signifie plus prosaïquement que cette pop n'est pas si pop et qu'elle louvoie entre plusieurs courants. D'ailleurs, c'est publié par Head records, label montpelliérain assez éclectique mais qui ne s'était encore jamais fourvoyé à sortir une musique de cet acabit.
Classe Mannequin, un nom bien naze qui ne donne pourtant pas envie. Sauf si vous étiez fans de séries télévisées pour puceaux pro-chevènementiste. Classe Mannequin fait donc une jolie musique avec tout plein de belles mélodies. Que ça met plein de soleil dans la tête et que les biquettes n'ont plus qu'à bien se tenir. Et que parfois ça ne passe pas du tout comme sur Soleil d'Amour (avec un titre comme ça, il fallait sans douter) trop funky et boule à facette. Dans le genre, Chaser a également un beau potentiel.
Mais la pop des nantais de Classe Mannequin, c'est aussi une certaine idée de la pop à la 31Knots avec un brin de classe et d'élégance. Avec des mélodies sonnant justes comme l'évident I Don't Mind. Ou des compos plus sombres comme Fakir montrant un beau savoir-faire pour tisser une tension sous-jacente. Classe Mannequin emmène également sa pop dans des structures plus complexes et anguleuses (en gros, toute la face B), piégeant les mélodies dans des tiroirs montés en épingle. Ça l'air précaire dit comme ça mais Classe Mannequin a le sens de l'équilibre. Le chant relativement haut perché rebondit contre les parois d'une rythmique bien en place. Les riffs savent se faire plus tranchants et virevoltants, le ton moins ensoleillé et Classe Mannequin prend de l'épaisseur. Ou plus exactement, une épaisseur et un propos plus dans mes cordes avec des compositions bien ciselées à défaut de décoller vers des hauteurs vertigineuses. Ça sera pas le disque de tous les jours mais c'est du bel ouvrage dans un style qui n'était pas gagné d'avance.

SKX (26/02/2017)