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City Of Caterpillar
Driving Spain Up A Wall – 12''
Adagio830/Repeater records 2017

Retour sur le devant de la scène de City Of Caterpillar. Le groupe de Richmond (Virginia) n'avait plus donné signe de vie depuis 2002 et leur unique album à ce jour, un self-titled paru sur Level Plane records. Un album qui résumait bien l'époque en ce début de nouveau millénaire et qui est devenu une référence au fil du temps. Post-hardcore, screamo, une touche de post-rock, compositions serpentant intelligemment sur de longues durées entre atmosphères mélancoliquement tendues et combat rapproché avec de violentes secousses. C'était parfaitement agencé et ça tient toujours la route. Certains groupes actuels qui s'essayent encore à peindre de grandes étendues dans leur rock devraient en prendre de la graine histoire de ne pas endormir leur auditoire.

Techniquement, Driving Spain Up A Wall n'est pas une réelle nouveauté. Le titre phare Driving Spain Up A Wall qui occupe pendant dix minutes toute la face A figurait déjà sur la compilation 80 Records And We're Not Broke (Yet) de Level Plane records en 2005 en version live. Et c'était justement ça le problème. Ce morceau épique qui s'est construit une réputation dans les méandres de l'internet n'avait jamais eu le bonheur de connaître un enregistrement studio. It was only able to be seen live or on crummy video tape recordings that made their way online. That gave it some mystique déclare ainsi le guitariste Jeff Kane. Justice a été faite en février 2017 avec tous les membres d'origine réunis au studio The Atomic Garden à Richmond. Et il aurait effectivement été dommage de se priver d'un tel titre. Tout simplement leur meilleur morceau à ce jour. Un paysage sonique varié avec différentes parties qui s'imbriquent sans forcer. Les tranquilles arpèges du début, le coup de butoir soudain après deux minutes, l'adrénaline qui monte, le bouillonnement perpétuel, la guitare qui vrille, la joute rythmique qui marque une accélération lumineuse et l'entrée d'un chant intense, les cassures, les convulsions, la mélodie qui sert peu à peu la gorge, la beauté sans fard qui découle de toute cette ferveur. Dix minutes qui passent comme une. Un superbe morceau à jamais graver dans le vinyle.

Sur la face B, un seul titre également, As The Curtains Dim (Little White Lie) qui a été enregistré en 2002, pendant la même session que l'album. Et c'est tout sauf une chute de studio. Dans ce cas là, on a coutume de dire que ce morceau aurait largement eu sa place sur l'album. Alors qu'en fait il était destiné à un split 10'' avec Yaphet Kotto qui n'a jamais vu le jour. La construction tout au long des six minutes est plus classique. L'accent est plus marqué sur le coté emo/screamo de City Of Caterpillar nous replongeant dans le passé et nous rappelant combien on a pu aimer ce genre aux cotés des Yage, Portraits Of Past ou encore Policy Of 3. City Of Caterpillar, c'était de la trempe des grands, du genre à donner ces lettres de noblesse à un style muscial. Ce disque est là pour nous le rappeler.

Pour ce qui est de l'avenir du groupe, il semble être de courte durée. Sur le site de Repeater records, il est annoncé une tournée américaine en octobre prochain avec la mention last US shows ever. Ce n'est pas bon signe. Le groupe était venu pour la première fois en Europe et en France le 18 juillet dernier à Paris au Point Éphémère. J'espère que vous en avez profité.

SKX (24/08/2017)