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Big Neck Police
Don't Eat My Friends – LP
Feeding Tube 2016

Ne manger pas mes amis. Surtout s'ils s'appellent Big Neck Police. Il pourrait vous en cuire des dents cassés et de sérieuses indigestions. Big Neck Police est un trio new-yorkais pratiquant le noise-rock comme on monte des barricades et exerce la guérilla urbaine. Toujours proche de l'anarchie, en improvisant, en changeant sans cesse de directions et en envoyant de belles fulgurances qu'on ne voit jamais arriver. Il n'est pas aisé de suivre Big Neck Police mais l'effort en vaut la peine.
Après Lurch, un premier album en 2013 plus gentiment dans les clous d'un noise-rock qui savait encore rester à peu près direct, le trio s'est affranchi des barrières et tire à vue dans tous les sens. Don't Eat My Friends, un mets sur lequel il est bon de se faire les crocs. Ça gémit, ça s'écroule, ça explose, attirant l'auditeur dans ses mouvements périlleux. Les passages flottants, les drones qui sifflent, la confusion s'entrechoquent, se fondent dans les attaques en règles et des harmonies qui surprennent toujours. Les rythmiques plombées partent dans des moments free, le guitariste part en vrille, cordes caustiques qui se plient et s'étirent comme du métal fondu et les chants, bien qu'ils ne soient pas les éléments principaux, participent à ce sentiment de folie en suivant des courants ascensionnels étranges et pas dans le manuel. L'improvisation ne semble jamais loin mais Big Neck Police veille et plante ses fourchettes entre les deux yeux. Ce qui pourrait passer pour une collection aléatoire de dissonances et de plans complexes deviennent des compositions musicales rugissantes, cohérentes dans leurs nombreuses convulsions. Le plan de bataille se dessine peu à peu pour la victoire finale. Elle se mérite, prête le flanc à quelques incertitudes mais l'ensemble se tient et offre une belle perspective sur le chaos.

SKX (22/02/2017)