vincas
learningcurve



Vincas
Deep In The Well – LP
Learning Curve 2016

Toujours plus profond au fond du gouffre, au fond de la noirceur, c'est l'écho d'un titre qui renvoie à l'actualité et son sale goût dans la bouche. Deep In The Well est le second album du trio américain se partageant entre Athens et Atlanta, quatre ans après un premier disque hélas largement passé inaperçu et dont le titre Blood Bleeds donnait déjà la nausée. Oui, le sang, ça saigne et la bande-son de Vincas écorche les tympans de façon toujours plus rock'n'roll.
Un rock'n'roll qui sort la grosse artillerie, le trempe dans la virulence du noise-rock, le confronte au grain possédé du swamp-rock et le balance à la figure avec passion et sans détour. Deep in the woods, Vincas fait surgir de vieux démons d'une forêt dense, humide et poisseuse. Force de la nature, pourriture de la vermine, chaleur animale, mélange détonnant qui éclabousse sur chaque sillon de Deep In The Well. La lenteur calculée et vénéneuse de Lowborn ou Murder. La basse sinueuse et énorme comme tous bons groupes noise qui se respectent. La guitare qui hulule. Vincas est torride plus d'une fois. Voir quasi derviche-tourneur parfois. A faire tourner la tête, la perdre dans un champ de scories abrasives, à la frontière d'un psychédélisme plus violent que planant. Le bassiste et chanteur Chris McNeal a pourtant l'habitude des dérapages plus ambiants puisqu'il officie aussi dans le groupe post-rock instrumental Maserati. Heureusement, chez Vincas, la table de loi interdit les atermoiements et les longueurs monotones. Vincas mord, déterre les mauvais sentiments, charrie les ondes funestes, appuie là où ça fait mal. L'Australie et ses classiques underground comme King Snake Roost ou Venom P. Stinger ne sont jamais loin. Ça sent les riffs basiques et indémodables, une seule note jouée à cran ouvert, répétition malsaine, voix urbaine et démoniaque, désolation, courses folles et de bonnes soufflantes faisant continuellement planer un moment de démence latent. Deep In The Well mais haut les cœurs. Coûte que coûte.

SKX (15/07/2016)