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Verdun
The Eternal Drift's Canticles – CD
Head, Throatruiner, Lost Pilgrims 2016

Verdun à Montpellier. Quand le sud entre en guerre. Ou te rentre dans le lard, tout simplement et en toute amitié. Le quintet héraultais sort son premier album, The Eternal Drift's Canticles, quatre années après un premier EP The Cosmic Escape Of Admiral Masuka qui avait posé les jalons d'un doom ne se contentant pas d'appliquer une seule méthode de destruction massive. Sludge, hardcore, metal, leur vision est large, les sources d'approvisionnement multiples, à la manière d'un Neurosis à qui Verdun fait plusieurs fois songer. Ça peut être lent, épais, terriblement lourd. Une pression à froid qui fait courber l'échine. C'est aussi parfois étonnement lumineux avec des arpèges nombreux n'hésitant pas à taquiner le mélodieux, voir carrément taper dans le mélancolique, donner dans un lyrisme abrupt, éclairant la noirceur ambiante.
Sous sa chape de plomb, The Eternal Drift's Canticles s’accommode de distiller des ambiances plus variées qu'elles ne paraissaient, s'immisce dans le détail et délivre un mal plus insidieux. Malgré l'étendue des compositions (cinq en presque une heure), Verdun la joue assez sobrement. Répétitif, massif, lancinant, avec option sans pitié ou poignant. L'artillerie est en place. Chacun est à son poste. Prêt au combat. Sait ce qu'il a à faire. N'en rajoute jamais dans la démesure, frôle la grandiloquence juste ce qu'il faut, restant du bon coté de la noirceur. Accentue la brutalité méthodiquement, élague les corps encombrants quand nécessaire comme autant de notes qui brouilleraient la compréhension. Arrive à glisser derrière toute cette lenteur poisseuse une intensité qui va crescendo. Balance les riffs qui font monter la sauce et augmenter la chaleur. Met de la mélodie là où on ne l'attend plus. Panser les plaies pour s'élever au-dessus de la douleur primaire. Le dosage est millimétré et pas loin d'être parfait.
Pour couronner le tout, il fallait un chant à la hauteur du champ de bataille. David Sadok, le chanteur qui s'est fait la malle depuis, est de cette trempe. Approche disparate, module les effets et le poison, du malsain qui reste en travers de la gorge à l'arrachage dans l'urgence des cordes vocales jusqu'au chant clair sans essayer de faire joli, ainsi que le chant parlé mélangé aux samples. Pas le temps de s'ennuyer ou de s'agacer sur trop de monotonie et une vue bas du front trop souvent de mise dans le milieu. Enregistré par Mathieu Croux, mixé et masterisé par TAD Doyle qui en a fait son disque de chevet, The Eternal Drift's Canticles est un disque empruntant une route très embouteillée mais qui le fait mieux, bien mieux que toute la concurrence.

SKX (29/06/2016)