valina
trost



Valina
In Position – LP
Trost 2016


Donc si j'ai bien suivi l'histoire, Valina met fin à ses activités à la suite de la publication de In Position. Un dernier concert en janvier 2016 et le trio autrichien tire sa révérence après 20 ans de bons et loyaux services. Un groupe qui n'a jamais déchaîné les passions mais offrant au final une solide discographie allant crescendo dans la qualité. Avec en point d'orgue les deux derniers albums très fortement recommandable, A Tempo! A Tempo! et Container.

Pour les six dernières compositions de sa carrière, Valina n'a donc pas chercher à subitement innover. Le trio, auquel le saxophoniste Werner Zangerle s'est joint comme un quatrième membre à temps plein sur cet ultime disque, fait ce qu'il a toujours su faire de mieux, en magnifiant son approche à chaque nouvel enregistrement. Un noise-rock éclatant pétri de finesse, de souci du détail, de contrastes entre retenue et fulgurances, mélange de mélodies acides et de joutes rythmiques que Steve Albini n'aura de cesse de mettre en valeur depuis le deuxième album Vagabond en 2002. Sur In Position, toute la mélancolie de Valina se fait ressentir plus que jamais, un spleen auquel les tirades du saxo ne sont pas étrangères. Les passages doux-amères s'incrustent dans les robustes lignes de basse. Les chevauchées de la batterie répandent leurs sombres desseins se fracassant dans un mur de dépit. Le chant toujours harmonieux du guitariste Anatol Bogendorfer prend des accents plus durs et définitifs. Et Valina, dans une indifférence poisseuse qui n'aura jamais fini de les coller, accouche une nouvelle fois d'une poignée de morceaux beaux et orgueilleux comme Kremsmonster, Minnesota, l'instrumental Astronautism ou le plus mordant Dead Nobody (The Headline Blues).
Pour ce mini-album, Valina s'est fendu de quelques notes personnelles sur le pourquoi de chacun des morceaux, la provenance de l'inspiration pour les paroles ou pour nommer les titres et leurs habitudes de compositions. Il n'aura donc échapper à personne que Kremsmonster, Minnesota est un hommage à Big Black dont les Autrichiens ont toujours été fans et leur morceau Jordan, Minnesota traitant du même sujet grave de la pédophilie. Mais ils savent aussi se faire plus léger avec Jackson High Dive, clin d’œil aux Jackson 5 et une after à Grrrnd Zero à Lyon pour le titre le plus joyeux d'une discographie généralement plus portée sur le sérieux que la gaudriole et le moonwalk.

Et donc comme tant d'autres, les obligations d'un groupe qui ne vivait pas de son art ont donc obligé un des membres de Valina a renoncé à toutes idées de tournées, précipitant ainsi le reste des membres (qui se posaient les mêmes questions) a stoppé l'aventure. Aussi sobrement qu'elle avait commencé et qu'elle avait toujours été vécue. Toujours triste de voir partir un groupe qui avait très certainement encore de belles choses à écrire. Merci à eux pour ces bons moments.

SKX (30/03/2016)