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Stick Men With Ray Guns
Grave City – LP
End Of An Ear 2015


Stick Men With Ray Guns ne doit plus avoir de secret pour vous si vous avez déjà lu cet article et encore mieux, si vous avez cliqué sur le lien de téléchargement qui s'y trouve. A l'époque, la réédition d'un double vinyle de Some People Deserve To Suffer était dans l'air du temps. Il n'en est rien. A la place, le groupe culte texan fait comme s'il sortait un album à part entière avec seulement huit titres dont sept figuraient déjà sur la compilation. Sorte de best of auquel Stick Men With Ray Guns donne un coup de vernis. Dans le jargon, ça s'appelle mastérisation pour les cons. Sauf que le groupe a fait aussi de la rénovation ce qui fait que, effectivement, on peut sentir une différence sonore. Je ne saurais vous dire si c'est mieux ou moins bien que sur Some People Deserve To Suffer mais ça sonne légèrement autrement avec un meilleur équilibre entre chaque instrument, la basse un peu moins en avant, la guitare qui fait plus de bordel pour un rendu au final plus noise. Mais je peux me tromper. Je n'ai pas cherché à analyser pendant des heures, ça reste Stick Men With Ray Guns, un groupe de punks comme on n'en fait plus, pas les rois du dolby stéréo pour lecteurs de Diapason. L'important, c'est de pouvoir se remettre une couche de ce groupe provocateur et largement en avance sur son temps, c'est à dire faire du punk-noise-grunge appelez ça comme vous voulez mais en 1982.

Sur ce disque, les quatre rednecks de Dallas ont mis tous leurs enregistrements studio de leur erratique carrière, c'est à dire cinq morceaux uniquement. Le reste, c'est du live, ce qui dans les pattes de Stick Men With Ray Guns donnent pratiquement la même chose. Quant à Two Fists, seul morceau n'étant pas sur Some People Deserve To Suffer, ce n'est pas techniquement parlant un inédit puisqu'il figurait sur une obscure compilation nommée Live At The Hot Klub et réalisée VVV records en 1983 que vous avez peut-être entendu si vous habitiez aux alentours d'Austin à cette époque !
Grave City
est donc un moyen idéal pour découvrir ces furieux. Tous les tubes y sont. Christian Rat Attack qui fait la fierté de Stick Men With Ray Guns puisque pour eux, c'est le seul morceau de toute l'histoire du punk à avoir été censuré d'une compilation... punk (Cottage Cheese From The Lips Of Death sur Ward-9 records en 1983) ! La raison, un sample d'introduction et des paroles jugées trop offensives envers la religion, comme ce léger passage blasphématoire: The Lord created the earth and the seas, But on the seventh day, God rested his prick... in Satan's butt ! La doublette rockabilly satanique Baby Now et Satan Baby fait danser le cadavre de Lux Interior. Grave City est le morceau préféré du guitariste Clarke Baker qui avoue, notamment dans le solo bancal, l'influence de Robert Fripp (King Crimson) sur son jeu. Scavenger of Death est un live corrosif, témoignage parfait du grand pouvoir de nuisance de ce groupe sur une scène, à la hauteur d'un Flipper. En pire. Two Fists te les envoie en pleine tronche, crochet du gauche, uppercut du droit, guitare qui bave, basse qui bastonne. I'll Kill Mother est censé être autobiographique mais c'est surtout un pur moment de rock'n'roll vicieux. L'album se termine par Kill The Innocent. Une chanson fleur bleue parlant du serial-killer Dean Corll qui, aidé par deux ados, avait violé, torturé et zigouillé 27 gosses au début des années 70. Un petit morceau d'enfer comme ils disent, totalement azimuté, anarchiquement noise et un bassiste (Bob Beeman) faisant subir à son instrument le même genre d'ignominie que le tueur en série sur ses victimes.
Stick Men With Ray Guns, bruit et damnation, punk-rock à son apogée. N'a officiellement toujours pas pris une seule ride à ce jour. Le groupe annonce pour cette année la sortie de deux albums live. Vous n'avez donc pas fini d'entendre parler de ce génial défunt groupe mais qui bouge encore.

SKX (05/02/2016)