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Nevraska
Grave Romance - CD
Urgence Disk/Gabu/En Veux-Tu? En v'la! 2016

A l'automne, les duos se ramassent à la pelle. Un brillant trait d'esprit qui a déjà été fait dans ces pages. Mais faut avouer qu'il est difficile de trouver une accroche originale quand un énième duo - basse-batterie pour le cas présent - arrive avec l'étiquette math-rock instrumental au dessus de la tête. En fait, ya pas de saison pour les doublettes. C'est infernal.
Nevraska débarque d'Annecy. Point de faute de frappe. Ce n'est pas Nebraska, Nevraska ne voulant rien dire (sauf pour ces concepteurs) à part désigner désormais un groupe de rock. Un duo qui a mis toutes les chances de son coté en confiant l'enregistrement de son premier album à Serge Morattel. Le résultat s'entend. Le gros son est de sortie. Net, précis, chirurgical. Trop parfois serais-je tenter d'avancer avec un son de basse manquant d'aspérité et de distorsions naturelles mais je chipote sans doute.
Comme je chicane aussi en disant que Nevraska alterne l'excellent et le moins excellent. Par exemple, Dux Bellorum ouvre l'album de feu de dieu. De la haute volée rythmique qui me rappelle, allez savoir pourquoi, les Tchèques de Lvmen. Et puis le second titre Nemesis enchaîne avec des riffs et rythmes plus banals et surtout son sample du Mystère des voix bulgares qui a force d'être exploité a largement perdu de son mystère. Mais, excepté deux, trois autres passages plus anodins, faut avouer que cet album a quand même de la gueule.
Surtout que le duo évite le piège du math-rock d'école. Ça bastonne plus que ça ne compte les mesures, le duo a surtout le souci du rock plutôt que de passer pour les nouveaux virtuoses descendus de leurs montagnes. Grave Romance aligne ainsi quelques belles paires de soufflantes qui pourraient se rapprocher de feu les Lyonnais de Doppler avec des titres comme Reason To Claim (qui a en plus la très bonne idée d'inclure du chant, à l'instar de Tomoe Gozen) ou Kollapse et pas seulement pour ce doux air de piano à la fin. Les joutes rythmiques sont enlevées, les harmonies nombreuses, la basse ressemble souvent à une guitare pour casser la sensation trop rythmique d'un album qui ne l'est pas tant que ça en fait et apporter de la mélodie.
Nevraska tente de varier les ambiances avec de nombreux samples de voix, de films, de bruitages et arrive au final à te faire changer d'idée. Nevraska n'est pas un groupe math-rock instrumental. Non seulement parce que ça chante et que ça cause régulièrement mais surtout parce que Nevraska insuffle une belle diversité de sentiments, d'approches et de contrastes, passant de compositions plus recherchées (Alkaline) à des uppercuts noise-rock contrôlés et foutrement efficaces. Grave Romance, un album travaillé qui ne laisse rien au hasard et le résultat vaut le détour.

SKX (14/12/2016)