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L'Étrangleuse
Memories To Come - LP
Les Disques de Plomb, Red Wig, La Curieuse 2016

L'Étrangleuse coule un deuxième nœud autour des idées reçues. Un disque de harpe et de guitare, pensez donc, ça pourrait donner envie d'aller se pendre ailleurs. Avec le premier album publié en 2012, Mélanie Virot et Maël Salètes (Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp) avaient prouvé que l'originalité et la prise de risques pouvaient payer. Memories To Come en est le prolongement.
Un duo qui s'est pratiquement mué en trio avec John Parish. Le fameux producteur anglais n'a pas que mis en œuvre Memories To Come, il a également fait le troisième musicien de luxe. Batterie sur cinq morceaux, basse sur Ed, bongo sur Coincidence, sans oublier du piano, du synthé, du tambourin et des hand claps sur une poignée d'autres. Memories To Come reste pourtant un disque de harpe et de guitare. Vous n'y échapperez pas. Que ce soit la batterie ou les autres instruments, les arrangements restent discrets. A tel point que j'ai beau tendre l'oreille au maximum sur le premier titre Do I, je n'entends absolument pas de batterie dont Parish est pourtant crédité.
L'Étrangleuse est plus que jamais ce mélange élégant, incisif, mélancolique de cordes et de chants. Musique d'intimité, de rêverie et de voyage avec l'Afrique en point de mire avec ses climats et cette petite musique interne véhiculés plus d'une fois au travers des mélodies et des rythmes insufflés. Memories To Come semble même avoir franchi un pas dans la contemplation, la finesse et la douceur. Trop parfois serait-on tenter d'avancer. Ou alors c'est l'étrange pouvoir de cette musique à part que de vous faire oublier le moment présent, quitte à s'effacer devant les images qu'elle évoque et les parfums surannés ou exotiques qu'elle dégage. Les compositions de L'Étrangleuse possède cette force invisible pour serrer ses cordes à l'apparence frêle et en tirer des cris de bonheur minimaliste s'imposant sur la durée, une qualité d'écriture et du détail qui n'aime pas le tape à l’œil, trouvant son salut dans une forme de beauté tranquille et de poésie bien plus tenace et profonde qu'elle en a l'air.
Comme sur le précédent album, GW Sok est de la partie. Il reprend les paroles de Caged Bird, le poème de l'américaine Maya Angelou, de sa diction unique qui donne envie que cette collaboration s'étende au-delà d'un seul morceau. L'Étrangleuse a une nouvelle fois réussi son pari avec cette musique comme un mirage.

SKX (19/05/2016)