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Great Falls
The Fever Shed – LP
Init 2015

Le fait que ce nouvel album de Great Falls ne réserve aucune surprise n'est absolument pas un problème. Great Falls fait du Great Falls. Il pourrait le faire jusqu'à la nuit des temps, je crois bien que je ne leur en voudrais pas et les suivrais aveuglément. Quitte à se brûler avec eux. Cette violence cathartique, ces convulsions de malade, ce déchaînement d'uppercuts vicieux et de torture mentale à te vriller la cervelle jusqu'au dernier neurone, je n'arrive pas à m'en lasser. Alors tant que le trio de Seattle maintiendra ce niveau d'excellence et qu'il fera passer un frisson de bonheur aussi urgemment intense comme au premier jour, je m'en gaverais à y laisser ma peau.
The Fever Shed continue donc le laminage de Accidents Grotesque qui lui même vibrait encore des coups de butoir du premier album self-titled. Avec toujours cette alternance entre longues complaintes agonisantes touchant la queue du diable et les boules de feu détruisant tout sur son passage. Entre les six minutes d'un Dressing The Saints en ouverture qui met KO d'entrée avec notamment une ligne de basse énorme de Shane Mehling dont on ne vantera jamais assez tout le talent et la minute treize de Brisance en mode lance-flamme, Great Falls sort tout l'attirail d'un noise-rock/hardcore aussi technique que fulgurant. Riffs aliénés, rythmiques asymétriques, arpèges cinglants ou plombants et rafales inhumaines sur tous les éléments d'une pauvre batterie saccagée avec maestria par Phil Petrocelli, The Fever Shed secoue dans tous les sens sans jamais en faire un poil de trop, tapant juste et fort, avec une noirceur à couper au couteau et le désespoir que plus rien n'est permis dans ce monde de dingues. Alors autant y aller gaiement.
Quant au chant du guitariste Demian Johnston, c'est définitivement la composante ultime et centrale du caractère aliénant de Great Falls. Mettre autant de hargne, d’agressivité et de souffrance m'étonneront et me subjugueront toujours autant. Ça aussi, je ne pourrais jamais m'en lasser. Il faut l'entendre hurler comme un damné au beau milieu de Shaped Like Another Man alors que tous les instruments se sont tus pour dire que ce type est plusieurs dans sa tête. Ce dernier morceau fait croire que le saphir de votre platine vinyle vient de se scratcher subitement avec une fin synonyme de mort subite. Synonyme surtout d'un disque encore une nouvelle fois remarquable et qu'on a toujours pas fait mieux dans le genre. Great Falls peut donc continuer aussi longtemps qu'il le désire à publier des disques forgés dans le même acier.

SKX (04/01/2016)