burlap
trait
blackwire


Burlap
Burnout King – LP
Trait/Blackwire 2016

Burlap, ça sonne comme du verlan ou l'expression d'un problème digestif alors que ça signifie toile de jute. Ça tombe bien parce que dans Burlap, on y fourre pas mal d'influences pour en ressortir un truc unique et excellent. Quatre Australiens (Sydney) à la frontière du hardcore, du noise-rock, du pesant, du rampant, du violent, du tordu, de l'épais et de l'inattendu. Avec le puissant organe vocale de Tom ‘Silky’ McEwen à la Laughing Hyenas qui se bat contre ses propres démons, Burlap met un pied dans le hardcore mais derrière lui, avec les deux guitaristes et le batteur, c'est plus compliqué de savoir où on met l'autre pied.
Prenez par exemple les cinq minutes de Bubbles. Le début est totalement, unilatéralement écrasant. Mais c'est pas non plus l'approche sludge crade trop dans l'air du temps. C'est également froid, précis, métallique, viande plus morte que morte. Le chant vient d'outre-tombe et alors qu'on commence déjà à accrocher une corde dans le grenier pour se balancer à l'anéantissement de tout espoir, les guitaristes sortent des arpèges qui feraient presque entrevoir la lumière. Le chant devient plus humain. Les roulements de batterie accélèrent le pouls, la vie revient et on se retrouve avec un morceau qui fait autant froid dans le dos qu'il colle une grosse claque derrière la nuque.
Burlap fait penser à un groupe américain dont on n'entend hélas plus parler depuis un court et saisissant album sorti en 2013. Ça s'appelait Negative Press. Les deux groupes partagent ce goût identique pour l'entre-deux, aller là où on ne l'attend pas, pour ces compositions mid-tempo, voir dangereusement lentes, pour cette putain de tension qui ne dit pas son nom mais donne envie de se gratter la peau jusqu'au sang comme sur l'inégalable Burnout King Pt. II:Burnouts In The Pit. Le superbe Heavy Breather qui clôt l'album, Single Mothers et Good Boy sont aussi de ce bois là. Celui qui brûle de l'intérieur. I'm a good boy/I keep my nose clean. Les contrastes poussent au crime. Burlap crée de l'espace et de la clarté entre chaque instrument, très loin d'un chaos saturant l'air, accentuant ainsi la pression pour un son bien à eux qui claque et fait trembler les murs. L'accordage très bas des deux guitares, spécialement pour celle qui prend plus ou moins le rôle de la basse (géniale sur Don't Touch Me), manient au scalpel des riffs bien plus malins que bourrins, bien plus vicieux que tête de nœud. C'est primaire, bestial, fer rouge luisant dans la nuit noire, avec un coté très carré, millimétré, prêt de l'os, le strict nécessaire pour un maximum de dommages et de multiples gestes de classe pour accoucher de huit compositions charismatiques qui marquent au fer rouge. Impressionnant premier album.

SKX (26/05/2016)