barrenwomb
spartan


Barren Womb
Nique Everything – LP
Spartan records 2015

Pour accoucher d'un tel nom d'album, le duo de Trondheim (Norvège) a certainement fréquenté trop de francophones qui leur ont appris les plus belles expressions de la langue de Molière. Barren Womb propose donc de tout niquer sur son passage. Ce qu'on n'aura pas de mal à croire vu la fougue de leur premier album qui n'avait pas diminué en pression sur le split avec Grizzlor. Et vu la pochette, le gros calibre est de sortie. Ça va encore flinguer à tout va.

Pourtant, le début de l'album n'est pas à la fête. Le ton se fait grave. Les paroles dépriment. Every day is exactly the same. Get up, go to work, still the king of mundane. Le métro-boulot-dodo en version nordique. Partout pareil la même merde. Make Sure You Get Yr Whole Head In Front Of The Shotgun est le titre du morceau. La vérité en face, la lucidité en arme fatale et Barren Womb pour appuyer sur la détente. Le duo n'est plus là pour rigoler et faire son jeune chien fou la queue frétillante allant droit au but avec l'énergie du braillard qui n'a rien à perdre sinon du bon temps. Ce qui n'empêche pas Timo Silova (batterie) et Tony Gonzahl (guitare) d'afficher sur le compteur de l'intensité de très beaux scores. Cette tension gagne même en valeur. Les reliefs sont accrus. Le dynamisme est à multiples vitesses et comme Barren Womb aime varier les approches, Nique Everything le fait avec rage, discernement et un soupçon de gravité dont on ne les imaginait pas capable. L’enchaînement avec le second titre Heap Blame/Put To Shame est parfait. L'adrénaline monte progressivement. Le mélange cordes acoustiques et électriques tout comme les chants des deux protagonistes donnent de la profondeur. Les mélodies gonflent. Une pointe de lyrisme brutale apparaît. Une longue mise en bouche des plus réussie.

Mais comme sur le premier album, le duo n'est pas du genre à s'arrêter à un genre bien défini. Barren Womb aime aussi les grands espaces et les chevauchées fantastiques. Et la bride abattue, c'est sur le coin de la tronche qu'elle retombe plus d'une fois. Comme si Violent Femmes et Wovenhand étaient en mode punk-noise et cow-boys de l'enfer. Voir carrément du country hardcore, un nouveau genre mais pas mauvais auquel Barren Womb s'attaque à la kalachnikov. Pour finir par foutre le feu sur un rock'n'roll diabolique et émeutier, You Can't Fire Me, Because I Quit avec sa touche de piano sur une seule note frénétique. Un titre niché entre deux compos où le banjo est clairement sorti de la sacoche (Devil Run The Game) et une balade virile dans leur langue natale (Svart Hav), sans batterie mais le regard tourné vers le bayou.
Bref, Barren Womb prend des chemins de plus en plus détournés pour tromper l'ennemi et l'ennui, peaufine les arrangements plus nombreux, affûte l'écriture, arrose au passage toutes les chapelles musicales, s'amuse comme des gueux apatrides (le batteur est d'origine finlandaise et du sang espagnol coule dans les veines du guitariste) avec un enthousiasme et le désir de toujours surprendre (en commençant par eux) qui font plaisir à entendre. Le genre de disque qui fait du bien. Nique Everything sauf ta mère.

SKX (04/03/2016)