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Tropical Trash
UFO Rot – LP
Riot Season/Load 2015


Depuis leur premier single en 2012, Tropical Trash ne s'est pas contenté de faire du surplace. Entre Fear Of Suffering puis le second single Think Back Kick A Beer et ce premier album, la musique du trio de Louisville a constamment bougé. Les nombreux changements de personnels n'y sont sans doute pas étranger. N'empêche, Tropical Trash aime brouiller les pistes, taper dans différents styles. Noisy, punk, rock'n'roll, garage, bordélique, mélodique, trash, sale, foncièrement noise, binaire. Même que eux ils disent avant-rock. Mais j'ai jamais rien compris à ce terme à la con. A tel point que même sur UFO Rot, la face B n'a pas grand chose à voir avec la face A, comme si on avait changé de groupe en tournant le vinyle. Et pourtant, tout ça c'est bien du Tropical Trash. Un fil rouge invisible qui fait le liant et rend ce groupe sacrément intéressant.
Sur la face A, vous avez donc sept titres balancés au cordeau, reprenant le flambeau des deux singles dans un art de la composition affinée et encore plus excitant. Car sous ses dehors hirsutes et je m'en foutiste, Tropical Trash n'a jamais hésité à insuffler le petit air qui aère le sphincter comme sur Vertical Gang, Ufo Rot plus froid et détaché ou Leisure Exposure, rappelant Hammerhead pendant un court passage avant de terminer sur un riff jouissif en mode tête contre les murs. Guitares qui dérapent, chants à plusieurs, rythmes allants, difficile de résister à ces hymnes punks en puissance.
Et puis vous tournez la galette et là, seulement deux titres. Neuf et huit minutes alors que la messe était dite en deux minutes chronos de moyenne auparavant. Et surtout, gros changement de tonalité. Tropical Trash prend un virage largement plus animal et bruitiste. Lent et écrasant. Torturé et expérimental. Qu'est-ce qui s'est passé entre les deux, je n'en sais fichtrement rien. Tropical Trash plonge dans une autre dimension. On reconnaît Tropical Trash - le fameux fil rouge -mais c'est comme l'envers du décor, la force noire et inavouable du trio. Une force pas très concluante sur Knowing malgré un bon début tout en hurlement mais qui s'enlise dans une impasse d'un titre qui avait donné tout son jus dès le début. Par contre, Pink Sweat s'avère redoutable, évoquant les affres noise de Slug (et un riff de basse venant tout droit d'un titre de nos Bästard français), comme s'ils étaient beaucoup plus que trois à foutre un bordel tout en tension rentrée. Au final, UFO Rot est comme un résumé du noise-rock et de toutes ses tendances. Et ils n'ont gardé que le meilleur. Ou presque.

SKX (25/09/2015)