revok
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Revok
Bunt Auf Grau - LP
Music Fear Satan 2015

On ne prend jamais assez le temps de se retourner et de mesurer le chemin parcouru. Dans le cas des Parisiens de Revok, il est d'une cohérence totale. Depuis les deux premiers maxis en 2004 et 2005, Revok n'a cessé de creuser le même sillon, de l'améliorer à chaque sortie, de poursuivre ce son obsédant qu'ils ont en tête, coûte que coûte, d'aller toujours un peu plus loin dans les tréfonds de la noirceur. Une suite logique d'étapes sonores implacables.
Si vous avez apprécié l'album précédent Grief Is My New Moniker, vous ne serez pas dépayser par Bunt Auf Grau. C'est le même poison mais c'est (subtilement) différent. Toujours plus sombre, plus dur, plus dense et grouillant. Et compact avec des morceaux en général qui en disent tout autant qu'avant mais en moins long, hormis le dernier Bunt Auf Grau dépassant les dix minutes. Je ne sais pas si Revok gagne en impact car la charge passée était déjà conséquente mais Bunt Auf Grau prend à la gorge et Revok serre très fort. Même avec Equilaterra, interlude au beau milieu de l'album censé faire respirer mais fourmillant de mauvaises ondes.
Le hardcore tourmenté et noise du quintet continue ainsi d'empiler les couches, de faire tourner les plans, les répéter jusqu'à l'aliénation, varier les nuances de gris et de noir sans s'épargner des touches mélodiques illuminant le propos (comme le début de Perfection Is A Sin), des arpèges qui donnent dans le poignant, voir un lyrisme sauvage, un sens du riff mordant et du groove rock - car c'est bien de ça qu'il s'agit au final - comme sur Old Marrow s’enchaînant parfaitement avec Polluted Ideas ou le surprenant Dear Worker volant dans les plumes de tous les honnêtes travailleurs en deux méchantes rapides minutes. Et puis toujours le chant qui fait beaucoup dans la personnalité du groupe. Sans lui, Revok rentrerait plus dans le rang mais cette façon de gronder sans vraiment exploser, cette rage suintante tout en ayant une palette vocale assez large, ce chant parfois appuyé par des chœurs ou dédoublé, exprime à merveille ce sentiment de noirceur, comme une grosse vague de malaise et de colère qui vous submerge, titre après titre, album après album. Bunt Auf Grau, nouvelle pierre d'un poids monumental de l'édifice Revok.

SKX (13/05/2015)