pigs
solarflare

coextinction

Pigs
Wronger – LP
Solar Flare/Coextinction 2015


Les cochons seront toujours tatoués du sceau d'Unsane. Impossible de s'en dépêtrer. Et pas uniquement par le fait que Dave Curran, le bassiste d'Unsane, écorche ses belles cordes vocales rouillées et taquine dans la limaille les cordes de la guitare dans Pigs. La famille musicale reste indéniablement identique. Ça vient des mêmes bas-fonds new-yorkais. Noise-rock lourd, épais, distordu, lignes de basses mastodontes et rythmiques appuyés. Pigs connaît la recette et te l'envoie pleine tronche.
Mais Pigs sait aussi batifoler dans sa propre merde, se distinguer de cette encombrante figure tutélaire. Se faire plus mélodique sous le nocif, tenter des parties de guitare que Chris Spencer n'oseraient pas (The Life In Pink ou Amateur Hour In Dick City). Trouver son propre langage de frustration dont les vapeurs se font plus diversifiées, touche stoner comprise. Mettre du banjo sur Mouth Dump même si ce titre est plus un écart stylistique amusant, un intermède avant de replonger dans le caniveau. Un caniveau qui avait commencer à couler par le bruitiste et fielleux A Great Blight. Comme si cela annonçait un deuxième album de fureur et de folie. Pourtant, il n'en ait rien. Pigs fait du Pigs.
A partir de là, il y a deux écoles. Celle qui fonce tête baissée dans le tas et se délecte de ses boules de fers incendiaires parfaitement exécutées. Et celle qui ne retient que la routine, le pilotage automatique, le Pigs qui se mord la queue dans l'ombre d'Unsane. Au final, cet album se situe sans doute quelque part entre les deux. Un ténu équilibre entre un manque de sensations à l'écoute de certains titres, voir tout l'album selon l'humeur du jour et un condensé de rage comme Mope, Make Sure To Forget, Bug Boy avec son invitée Julie Christmas (de feu Made Out Of Babies et Battle Of Mice) qui font mouche.
Un constat similaire à l'album précédent You Ruin Everything. Manque d'ivresse, sortir du cadre trop carré et pourtant ça ne manque pas de titres qui tabassent dans les grands largeurs comme les six et sept minutes de Bet It All On Black et Donnybrook, sauf un passage, tout en douceur. Les lasers couleurs sortant d'une tête de mort afin de véritablement tout brûler sur son chemin et surprendre son monde ne sont hélas que sur la pochette. Ça reste quand même drôlement bien foutu, ça rape la gueule mais comme vous l'avez senti, il manque un petit goût de reviens-y.

SKX (17/11/2015)