monarch
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Monarch
Sacrifice Your Parents, Satan Wants You To – 7''
Fvtv recordings 2015

Allez, rigolons donc un peu, c’est l’heure de la recréation. Je crois qu’il y a peu de groupes aussi monolithiques que Monarch. Je ne parle pas que du caractère bien trempé et extrémiste de la musique interprétée par ces jeunes gens, Monarch ayant cette réputation – non usurpée – d’être l’un des groupes parmi les plus lents et les plus lourds au monde ; non je parle aussi du côté immuable d’un groupe qui depuis ses débuts n’a semble-t-il pas beaucoup fait varier son credo et qui, album après album, continue d’enfoncer les mêmes clous de cercueil rouillés dans nos pauvres petits crânes endoloris et nos petits cœurs meurtris. Certains n’hésitent pas alors à dire qu’ils ont fini par se lasser des disques de Monarch, parce qu’ils se ressembleraient tous un peu trop. Je ne vais pas disserter ni ergoter sur ce dernier point puisque pour ma part je trouve au contraire que le groupe a toujours su faire évoluer sa musique, certes petit à petit – pour s’en convaincre il suffit de réécouter tous les albums de Monarch à la suite, ouais, OK, merci et bon courage… – et que de toute façon c’est moi qui ai raison.

Monarch possède cependant un petit péché mignon : faire des reprises. Des reprises qui tranchent plutôt avec le reste du répertoire du groupe. On se souvient de celle d’I Got Erection de Turbonegro dont Monarch a longtemps ponctué la fin de ses concerts. On se souvient également de ce single publié en 2009 par Heathen Skull, le label de Robert MacManus des Grey Daturas, lequel a d’ailleurs été batteur de Monarch pendant un temps. Ce single comprenait une reprise de Discharge et une autre de Disclose, la couleur était donc au d-beat et le résultat était largement à la hauteur, rappelant Rainbow Of Death, un ancien side-project des membres de Monarch, justement. Sacrifice Your Parents, Satan Wants You To est donc le titre d’un tout nouveau single du groupe publié en avril 2015 par un label jusqu’ici complètement inconnu. Est-ce qu’il s’agit d’une autoproduction déguisée ? Vu le lettrage si caractéristique employé pour écrire le nom de ce label, voilà qui en fait ne m’étonnerait guère… Bref, Ce 7 pouces comporte également deux reprises, et pas des moindres : d’un côté le Cherry Bomb des Runaways et de l’autre le Die Die My Darling des Missfits. En gros que du bon goût. Et si on rajoute un artwork réussi et signé Nagawika, on sait déjà que ce petit disque va faire des étincelles.

L’hommage est clair et évident mais pourtant, en particulier sur Cherry Bomb, Monarch n’aura jamais autant insufflé de sa forte personnalité à une composition écrite par quelqu’un d’autre. Si on reconnait malgré tout l’original – Cherry Bomb a toujours été un véritable tube –, il est évident que Monarch a su en faire quelque chose d’autre. Choisir un bon titre ne suffit pas, encore faut il avoir le talent pour se l’approprier, ce qui est la marque d’un grand groupe… Quoi ? Monarch ? Un grand groupe ? Tout à fait… Et pour s’en persuader il suffit d’écouter l’autre face de ce disque. Parce que si tout le monde s’extasie (à juste titre) sur la reprise de Cherry Bomb, c’est peu dire que celle de Die Die My Darling est encore meilleure. Voilà un autre tube incontournable et Monarch réussit un coup double en lui donnant une couleur différente, particulièrement lente, lourde et oppressante puis en faisant rapidement glisser le tout sur une pente plus éthérée grâce au chant très lisible malgré les quelques tonnes de reverb qui l’accompagnent et surtout un chant très mélodique voire angélique. Personne sans doute n’avait jusqu’ici soupçonné que Monarch puisse faire preuve d’autant de force d’envoutement… pourtant le charme s’avère vite être vénéneux, Die Die My Darling s’achevant dans une sorte de bain de sang au ralenti avec toujours ce chant de sirène carnivore s’enfonçant peu à peu dans la démence. Un grand groupe je vous dis.

Hazam (10/06/2015)