malaïse
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Malaïse
s/t – LP
213 records/Acide Folik/Déviance/Donnez Moi Du Feu/Impure Muzik/La Face Cachée 2014

Alors ? Quoi de neuf ? Rien du tout. Et j’ai mal de partout. Cet été a vraiment été tout pourri mais ça je m’y attendais, de toute façon j’ai toujours exécré le mois d’août. En accord presque parfait avec mon humeur de chien et mon humour détestable, mes envies d’équarrissage intime et d’auto-sacrifice rituel, j’ai donc décidé, pour marquer le coup d’envoi d’une nouvelle saison (chaotique) de chroniques de disques pour Perte & Fracas, de parler du premier album de Malaïse. Cela me va bien, l’inconfort. La haine à peine rentrée. Le nuage de pluie permanant au-dessus de ma tête comme dans les cartoons débiles. Les insomnies totalitaires. Le post punk pour petit cœur en bandoulière. Les blessures qui ne se referment pas.

A l’origine duo, Malaïse est aujourd’hui un trio composé de Ciara (chant et basse, certains d’entre vous la connaissent peut-être comme chanteuse des Buttshakers, groupe qui au passage n’a strictement rien à voir), Oli (batterie, également dans les géniaux Death To Pigs) et Julien, dernier arrivé dans l’histoire (guitare, aka The Austrasian Goat, guitariste de Death To Pigs, etc). Du beau linge et du beau monde comme serait tenter de le préciser l’éternel chroniqueur mondain qui sommeille toujours en moi mais surtout un trio de musiciens qui possède une vision parfaitement claire et assumée de sa musique. Si je prends la peine de préciser tout cela c’est pour tout de suite couper court aux commentateurs divers qui ne manqueront pas de sournoisement rappeler que Malaïse joue inévitablement une musique du passé, une musique née à une époque révolue où les membres du groupe n’étaient même pas encore en âge de porter des couches-culottes… Alors ? Toujours rien de neuf ? Non, rien du tout. Mais on s’en branle. Et, encore une fois, en 2015 l’important est ailleurs.

Voilà donc un disque qui devrait ravir les nostalgiques rétroactifs (mais ceux-là on les emmerde) et les amateurs de post punk – appellation d’origine plus très contrôlée de nos jours mais toujours très pratique à utiliser – et ravira surtout celles et ceux qui aiment les musiques viscéralement tendues et directes, simples mais signifiantes, sombres sans jamais être complaisamment darkos (il ne manquerait plus que ça…), chargées en effluves lacrymogènes sans pour autant tomber dans le pathos ni le tragique en dentelle noire (la nourriture préférée des golgoths et autres attardés mentaux). Alors oui, les aficionados feront aussi sûrement remarquer que Malaïse doit quelques trucs bien sentis à Siouxsie Sioux et à ses Banshees et peut-être même aux très kitschs et datés Xmal Deutschland, principalement à cause du chant féminin, disons, plutôt marqué. Mais en apparence, seulement. Et je n’ai pas dit stéréotypé non plus : Ciara sait faire la différence entre maniérisme et caractère, entre putasserie et conviction, entre mimétisme et citation et derrière tout ce que l’on croit avoir déjà entendu maintes et maintes fois on découvre un chant vraiment convaincant, habité ce qu’il faut et qui sait garder toute sa spécificité.

Et tout le reste est à l’avenant : jouer une telle musique en 2015 – nous y revoilà – consiste donc à y mettre suffisamment de soi, de sa propre personnalité, à avoir des idées (et ici elles sont très bonnes) et à savoir composer un minimum. Toutes choses que Malaïse maîtrise parfaitement. Fini également le coté minimal voire sépulcrade de la première cassette – que je ne saurais trop vous conseiller, malgré ses défauts –, l’arrivée de Julien à la guitare apportant quelques touches noisy et surtout juste ce qu’il faut d’éclats de lumière pour mettre en avant la face mélodique des chansons de Malaïse sans pour autant leur enlever ce côté sombre et poisseux. Reste avant toutes choses que ce disque possède un dynamisme (non, ce n’est pas un gros mot) et une énergie des plus convaincantes qui le placent également très largement au-dessus de la mêlée revivaliste, il fait dire aussi que tout le monde n’a pas la chance de compter un batteur de cette trempe dans ses rangs.

Hazam (30/08/2015)