heads
thischarmingman






Heads.
s/t LP
This Charming Man 2015


Heads. avec un point derrière comme petite coquetterie stylistique. A moins que ce soit pour signifier que ça sera comme ça et pas autrement, une façon de marquer son territoire. Point barre. Un territoire pourtant connu mais à l'intérieur duquel Heads. évolue à sa guise. Le cadre, c'est le noise-rock chéri du coté de Chicago, Jesus Lizard et compagnie mais Heads. l’exécute dans sa version ralentie, quasi dépressif par endroits, durement plombé. Deux Allemands et un Australien basés à Berlin pour une relecture des fondamentaux, Codeine qui revisiterait le répertoire de Shellac, l'album qu'aurait voulu/dû sortir Young Widows à la place du très terne In And Out Of Young And Lightness, voir le suivant Easy Pain. Car Heads. n'a pas oublié d'insuffler toute la tension nécessaire dans des coups de basse monstrueux, de bien lester chaque note, chaque rythme d'un poids qui fait courber l'échine sans vous noyer dans un marasme indécrottable, de faire rouler sur les toms basse une pression caverneuse, d'alterner chant proche du spoken-word et gueulantes contrôlées avec un timbre de voix éraillée que ne renierait pas le chanteur de Girls Against Boys. Ou alors c'est la version Melvins du noise-rock, eux qui viennent de reprendre At The Stake (sur l'album Stoner Witch), la lourdeur anguleuse, la lenteur rocailleuse. Quoi qu'il en soit, les six titres de ce premier enregistrement ne vous rentrent pas dans le lard tout de suite mais laissent une marque de plus en plus profonde au fil des écoutes. Avec ce je ne sais quoi en son cœur d'un éclat lumineux enflammant la neurasthénie ambiante, un spleen qui colle à la peau et vous enveloppe d'une rassurante chaleur. Mis à part un solo de guitare en trop au milieu de Black River, le premier disque de Heads. fait tourner les têtes dans le bon sens et agrandit le territoire.

SKX (08/09/2015)