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Guili Guili Goulag
IBEXIB – 12’
Attila Tralala/Et Mon Cul C’est Du Tofu ?/Cheap Satanism/Temple Vengence/Rockerill 2014

Non mais elle est pas belle la vie ? Mais regardez moi un peu cette pochette ! Splendide ! Une pure beauté ! Ça me rappelle un peu ma folle jeunesse de merdeux acnéique lorsque je dévorais chaque nouveau numéro d’Enfer magazine à la recherche de nouveautés, des disques forcément repérés à leurs pochettes attractivement laides (et grâce, quand même, aux chroniques publiées dans le dit magazine) et qu’après j’essayais désespérément de dénicher à prix d’or chez les disquaires aux puces de Clignancourt. Bon… Inutile de préciser que la déception était souvent de mise et que mon porte-monnaie faisait largement la gueule lui aussi (moralité : ne vous fiez pas aux chroniques de disques et aux gens qui les écrivent, la plupart d’entre eux ne sont que des sacs à merde). Bref… Couleurs hasardeuses, illustration à caractère maléfique, lettrage métallurgiste : tout ici m’a donné envie d’écouter ce disque. Y compris le nom du groupe. Sauf que, contre toute attente, IBEXIB est seulement le nom de ce disque et que le groupe qui a pondu cette chose s’appelle en fait Guili Guili Goulag. Encore raté.

Mais allons-y quand même. Il n’y a pas que le metal dans la vie. Guili Guili Goulag est un quartet basé du côté de la Belgique (Bruxelles) avec une formation atypique : chant / harpe / basse / batterie. Tout de suite ça sent le truc sérieux voire casse-bonbons or il n’en est rien. Les réfractaires à cet instrument terriblement connoté et rétrograde (la harpe) et même celles et ceux qui n’ont jamais été séduits par la joliesse angélique et proprette de L’Etrangleuse (on les comprend) devraient pourtant jeter une oreille sur ce IBEXIB plein de surprises. La première d’entre elles, donc, c’est cette harpe qui n’en fait pas des tonnes et est souvent noyée dans tellement d’effets et manipulations diverses qu’elle en devient, disons, noisy. C’est une bonne nouvelle. La deuxième c’est le chant féminin, lui aussi (parfois) trafiqué et jamais avare en onomatopées et autres bruits de bouche, un chant un peu inquiétant et sûrement pas décoratif, lui non plus. La troisième c’est cette basse plutôt chaloupée et bien lourde qui semble tirer tout le reste dans une autre direction. Et enfin, quatrième et dernière bonne surprise, c’est la batterie en mode résolument tribal qui rassemble tout le monde et insuffle une sacrée dynamique à l’ensemble. Bien.

Le résultat est logiquement indescriptible voire inconcevable et c’est là qu’il faut tout de suite arrêter de faire confiance aux chroniqueurs de disques (oui, je me répète). Pour faire court, parlons d’afro punk à tendance métalleuse (quand même un peu) avec à la fois de vagues connotations Exienne et… et je ne sais pas trop quoi en fait. A noter que si comme moi vous écoutez par erreur ce disque en 33rpm – alors que la bonne vitesse est en 45rpm – vous pourrez également y trouver quelques diableries supplémentaires (j’exagère à peine). La principale qualité de IBEXIB reste cette façon qu’a Guili Guili Goulag de mélanger tout ça sans que cela devienne indigeste, cérébral et chiant. J’oserais même ajouter que ça chatouille bien comme il faut, c’est-à-dire que la musique du groupe possède toute l’intelligence communicative qu’il faut pour littéralement dépayser l’auditeur sans pour autant sombrer dans la funattitude ni le noyer dans un océan de bien-être ethno-expé-festif. Guili Guili Goulag et IBEXIB sont littéralement ce que l’on appelle un ovni… Un ovni bien intriguant et au final passionnant.

Hazam (19/10/2015)