eraseerrata










Erase Errata
Lost Weekend - LP
Under The Sun 2015

Énième retour d'un groupe qui n'avait pas donné signe de vie depuis neuf ans, excepté pour le single Damaged en 2010 sur Kill Rock Stars. Un retour qui se fait en même temps que d'autres anciennes assimilées au mouvement riot grrrl, les Sleater-Kinney, bien que Erase Errata soit de la deuxième vague, au tout début des années 2000. Mais alors que Sleater-Kinney a copieusement raté son retour avec un album (No Cities To Love) pénible, sonnant faux et où le poids de l'âge se fait sentir, Erase Errata fait un come-back beaucoup plus discret mais a su garder une fraîcheur comme au premier jour.
Une remise en route qui se fait par un album court mais les sept titres sans exception frappent juste en un peu plus de vingt minutes finement inspirées et naturellement revigorantes. Pratiquant un post-punk funky et dissonant tout droit tiré des Bush Tetras, Jenny Hoyston, Ellie Erickson et Bianca Sparta se sont retrouvées en 2012 à Iowa City à l'initiative du Mission Creek Music Festival pour une résidence d'artistes pendant trois jours, un studio à disposition et c'est comme si rien n'avait changé.
Une facilité désarmante pour accoucher de titres aux rythmes entraînants, à la guitare grinçante et aux mélodies aussi jouissives qu'acides, des morceaux qui font mouche de suite comme pléthore de leurs compositions disséminées sur leurs trois albums précédents (Other Animals en 2001, At Crystal Palace en 2003 et Night Life en 2006, tous de qualité égale et très recommandables).
Le son de Lost Weekend est sans doute moins abrasif que ses grands frères mais l'urgence pointe toujours ses pics avec des mélodies encore plus mises en valeur. Claquements de main pour les têtes à claques sur History of Handclaps. Morceau phare de Lost Weekend avec l'irrésistible In Death I Suffer qui dans un monde parfait devrait passer sur toutes les radios. Galveston, Dark Tides ne serait pas loin. Compos brèves, précises, mordantes avec Scattered Means ou Another Reason to Arrest & Imprison the 'Free' qui ressuscite le fantôme d'ESG, trompette discrète et rutilante pour encore plus de sueur, version féminine et pointue d'un Chinese Stars qui fait autant danser que réfléchir de la part d'un groupe qui n'a pas oublié comment faire du bruit.
Un album qui sonne comme s'il n'avait pas d'âge et merveilleusement mis en boite par Christina Files qui n'est autre que l'ingénieur du son de Shellac pendant leurs concerts après avoir été dans d'autres vies batteur de Shannon Wright et Victory At Sea, chanteuse des Swirlies et responsable aussi du son d'albums de Shipping News et June of 44. C'est un détail mais c'est la touche finale d'un retour en tout point réussi. Lost Weekend mais pas perdu pour tout le monde.

SKX (04/03/2015)