baptists
southernlord






Baptists
Bushcraft – LP
Southern Lord 2013

Difficile de le rater celui-là : un bon gros autocollant qui annonce la couleur au sujet de Bushcraft, premier album de Baptists… Quoi ? Tu l’as pas vu ce « recorded by Kurt Ballou » qui va bien ? Ah bon, tu me rassures. Baptists ce sont donc des gros bûcherons, canadiens pour ne rien gâcher, des gars qui n’ont sûrement pas inventé l’eau chaude, d’ailleurs l’eau, chaude ou froide, c’est tout simplement dégueulasse. Bushcraft est désespérément typique du genre hardcore/ta race/tatoué jusqu’à la bite/gras sur les titres lents/collection de cavalcades pour barbus en manque de crédibilité convergienne/ressers-moi donc un godet de cet excellent whisky camarade/les seins de ta meuf ils sont trop bandants, est ce que ce sont des vrais ? et Baptists est un groupe comme on en a écouté des tonnes depuis que Kurt Ballou a décidé qu’il enregistrerait dans son studio toutes les imitations possibles de son propre groupe à succès – Converge, pour celles et ceux qui font semblant de ne pas suivre – et depuis que Deathwish, Southern Lord et quelques autres jouent à se tirer la barbichette pour obtenir le statut du label top credibility en matière de violence musicale œcuménique.

Ne va pourtant pas croire que je déteste Baptists. Loin de là, même. Certes ce groupe et Bushcraft ont tout du piège à hipsters velus – label starificateur, pochette gatefold de luxe et stylée comme il faut, artwork végétalisé et black metallisé pour midinettes, vinyle AOC, musique de monte-charges, etc. – et pourtant je me suis fait avoir. Un vrai gosse. In Droves et son riff à la Entombed sur fond de blitzkrieg en morne plaine me donne par exemple des envies folles de faire des excès de vitesse à vélo tandis que Soiled Roots réveille en moi ce gros pépère avachi qui se croit le maître du monde des psychopathes dès qu’il a bu un coup en trop (de préférence le dimanche après-midi, après l’apéro, un bon gros repas arrosé et un digeo sur la dernière ligne droite). Oui, ce disque est beaufisant, convenu, prévisible, calibré et (peut-être) calculé mais il est aussi foutrement bon, jouissif, régressif plus qu’agressif, bite-couille-zob, masturbatoire, juvénile en fait et donc pas dangereux pour deux sous. Et c’est le principal problème des groupes actuels de hardcore (métallisé ou non) qui se la pètent : oui – effectivement – ça dégage les sphincters mais c’est tout, l’effet est le même qu’une bonne suée doublée d’un bon coup d’adrénaline. Autrement dit, à la rubrique entertainment/drogue légale, Baptists a tout bon.

Tu auras peut-être aussi noté qu’il est indiqué en début de chronique que ce disque a été publié en 2013. Cela signifie que je suis foutrement en retard mais, en fait, non, pas tant que ça : depuis, au début de l’automne 2014 pour être exact, Baptists a sorti un deuxième album du nom de Bloodmines. Or Bloodmines est le frère jumeau de Bushcraft – même genre d’artwork, même musique rituelle d’ados stéroïdés, même ingénieur du son aux manettes, même label arty-démonologique, même bordel. Autrement dit, tu reprends les deux premiers paragraphes de cette chronique en remplaçant juste Bushcraft par Bloodmines et le tour est joué. Du deux en un. Pas sûr, toutefois, que je me laisserai avoir une troisième fois, pour le nouvel album de Baptists qui devrait paraître en décembre 2015 – faut pas déconner non plus.

Hazam. (13/01/2015)