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USA Nails
Sonic Moist – LP
Smalltown America/Bigoût records 2014

Certains d’entre vous connaissent peut-être Gareth Thomas pour être le batteur de Silent Front, oui ce même batteur qui a enfin stabilisé le line-up du groupe, après des années de changements de personnel. Mais Gareth a plus d’une corde à son arc, déjà avec les Mayors Of Miyazaki (où il chante et joue de la guitare) et avec USA Nails où il tient également l’une des deux guitares. Mais si on en croit les infos des labels Smalltown America et Bigoût records – qui assure la sortie du premier LP du groupe pour la France – il y aurait également dans USA Nails des bouts de Kong. Et là, mon rythme cardiaque a immédiatement accéléré. Kong ? Oui, Kong ! Alors, j’ai eu vite fait bien fait d’oublier que USA Nails est aussi le titre d’une composition des Blood Brothers, un groupe que je n’aime vraiment pas, pour me jeter sur cet album.
Sonic Moist se veut être le résumé des premiers mois d’existence d’USA Nails. On se contentera de cette explication à propos d’un groupe qui, je l’espère sincèrement, ne perdra jamais rien de toute cette énergie folle et débordante ni de ce sens inné de l’urgence et de la haute pression en milieu confiné. Car s’il y a un terme qui vient immédiatement à l’esprit à l’écoute de Sonic Moist, c’est celui de punk. Les anglais préfèrent eux parler de post punk – si vous voulez les gars, ne jouons pas sur les mots – mais le résultat est le même. USA Nails déballe une musique très rapide, frénétique, un punk trépidant a qui emmagasiné une bonne partie des malformations des musiques plus ou moins bruyantes et à base de guitares qui sont nées dans son sillage ou à peu près en même temps. Aussi on retrouvera ici des mélodies tordues, des glissades dans la dissonance, du désordre arty (mais pas trop), toutes choses empruntées, entre autres, au rock noisy/noise rock/tous ces trucs un peu bâtards et énervés.
Parfois, bien que leur musique soit différente, je pense également aux Hot Snakes, pour cette façon qu’ont les musiciens d’USA Nails d’aller à l’essentiel sans jamais oublier le détail qui tue, de lâcher des lignes mélodiques qui entrent immédiatement dans le crâne pour ne plus en ressortir (mais sans pour autant donner l’impression d’être des pièges à enflures), d’accélérer les rythmes juste ce qu’il faut, entre danse incontrôlable et transe païenne, ou au contraire de les ralentir pour balancer de beaux pavés plus tordus et plus complexe, de faire preuve d’un sens incroyable de la juste durée pour tout déboiter sans jouer aux beaux gosses mais d’étaler une sorte de juvénilité triomphante et je-m’en-foutiste. Le chant est le porte-étendard de cette juvénilité. Il déraille parfois un peu, il n’est pas toujours très juste mais USA Nails (et nous avec) en a strictement rien à foutre : l’important c’est que ça ne (dé)gueule pas, que ça ne braille pas façon monstre sataniste et cannibale – et ça, ça fait vraiment du bien d’écouter le disque d’un groupe qui ne tombe pas dans les facilités de l’agression pour nous tenir la dragée haute et donner une apparence de violence facile à sa frénésie musicale. Mille bravos.

Et selon toute vraisemblance, USA Nails sera en tournée au pays de courgettes et des dindasses au mois de février 2015. Vous êtes prévenus, ne les ratez surtout pas.

Hazam (02/12/2014)