kouma
carton
grolektif
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Kouma
Brazilian Blowout - CD
Carton, Grolektif, En Veux-tu ? En V'là ! 2014

Kouma suit son cours et il n'est pas facile à appréhender. Il a fallu plus d'une écoute pour se familiariser avec la bête et à l'heure où je vous cause, Brazilian Blowout comporte toujours des zones d'ombre. Le trio lyonnais nous avait laissé avec un premier album percutant. Il revient par des chemins de traverses. Kouma séduisait par sa formation originale (sax baryton, guitare également baryton et batterie). Il faut désormais aussi compter sur un synthé manipulé par le saxophoniste et c'est là que les frissons de perplexité commencent. Romain Dugelay alterne entre les deux instruments et les parties avec le synthé offrent véritablement une nouvelle approche de Kouma. La force de frappe du power trio se dilue dans les méandres d'un rock aux sonorités synthétiques lo-fi qui peuvent se révéler crispantes, un mariage moins heureux avec le baryton de la guitare et faisant perdre de l'impact au free-rock farouche de Kouma. Ça, c'est pour la première approche. Une fois l'effet de surprise passé, il faut avouer que Kouma n'a tout de même pas perdu sa verve et son sens de la composition ardente et batailleuse. Il faut juste se faire à ces nouvelles sonorités, abandonner parfois le beau timbre grave et chaleureux du saxo pour les fréquences plus aiguës du synthé, accepter que ses deux instruments se succèdent sans avertissement, perdre du choc frontal et de la convulsion au profit de phrasés répétitifs pour faire monter la tension. Ça n'empêche pas le couple batterie-guitare de toujours nous gratifier de belles joutes haletantes, de rythmes convulsés comme sur le cinquième titre ayant donné son nom à l'album et gardant le plus un pied commun avec le premier album. Mais c'est aussi Casse-Brique, une compo tournant autour de quelques notes d'un synthé sonnant comme dans le jeu vidéo qui a donné le nom au morceau pour un titre répétitif et pas très emballant. Et puis les compos où Kouma fait les deux, saxo et synthé, saccades et répétitions, à l'instar de Nevada Breakdown. Un effet de transe, d'un Zu en pleine montée d'adrénaline, entrecoupé par des éclairs bruitistes/fritures sonores/larsen et une intégration réussie d'un synthé sur la fin qui ne coupe pas l'élan générale mais le sublime. Idem pour Fundoshi possédant du souffle malgré l'omniprésence du synthé. Du pour et du contre donc pour Brazilian Blowout, qui décoiffe sévère ou frise à plat. Kouma indomptable, flots irréguliers cherchant de nouvelles voies pour épancher sa soif de découvertes et sur lesquels il est toujours très agréable de naviguer malgré des vagues désarçonnantes.

SKX (23/04/2014)