oozingwound
blackpus
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Black Pus/Oozing Wound
Split LP
Thrill Jockey 2014

Si on considère, comme il était écrit dans la chronique de leur premier album, que Oozing Wound signifie plaie suintante, la rencontre avec Black Pus était irrémédiable. La vraie rencontre a eu lieu le 7 mai 2013 à l'Empty Bootle de Chicago pour un concert en commun qui a du faire saigner plus d'un tympan. Le coup de foudre a été immédiat. Un disque dégoulinant de bruit purulent, haute toxicité entre Black Pus, plus connu comme étant le batteur de Lightning Bolt et les trois trashers de Chicago. La discographie de Brain Chippendale n'a jamais soulevé l'enthousiasme des foules. Même des plus téméraires. Un peu moins d'une dizaine d'albums depuis 2005, tous chargés jusqu'à ras la gueule d'une noise frénétique pas loin de l'inaudible, faisant passer Lighting Bolt pour un aimable groupe de pop japonaise. En même temps, je dis ça mais je ne connais que trois ou quatre albums dont celui réalisé en 2011 pour Load records. Mais ça ne m'a jamais donné envie de creuser l'affaire. Maso, mais je connais mes limites. Les deux titres de ce split ne vont pas arranger sa cote d'amour. Blood Will Run ne mérite pourtant pas son nom. Chant clair au lieu de l'habituel chant saturé sous son masque, rythme quasi basique, triturations sonores atteignant 2 sur l'échelle de Richter, la rivière de bruit se la coule douce. Ravale tes paroles. La suite se résume – ou plutôt ne se résume pas – par quatorze minutes et d'impénétrables poussières de Total Eclipse. Chippendale ne peut s'empêcher de remplir chaque trou d'air par le bruit le plus dégueulasse possible, l'espace lui est insupportable, il en met de partout comme à son habitude et baptisez ce morceau l'éclipse totale doit être une manière pour lui de conjurer le sort tant le vide est un cauchemar sans nom hantant ses nuits et ses jours. L'effort est magnifique mais complètement vain.
Je ne vous cache pas que l'intérêt pour ce disque résidait dans les trois inédits de Oozing Wound. Retrash était un des disques les plus bassement jouissifs de 2013. Le meilleur disque de trash pour quelqu'un qui n'a jamais aimé la trash car joué par des mecs ayant d'abord pratiqué le noise-rock et le punk bruitiste et qui ne l'ont pas oublié. A tel point que sur ces nouveaux morceaux, c'est la face noise-rock qui ressort au détriment des attaques trash. Surprenant. Un noise-rock punitif mais sans les riffs incendiaires et les rythmes TGV de Retrash. Trois titres avec comme point commun de commencer tambour-battant, pression d'enfer (notamment sur All Things Must Pass Out), alléchant comme tout avant de tourner en rond et de finir comme si, justement, le trio ne savait pas comment les finir. Bref, du plaisir mais aussi de la frustration. Difficile donc de dire ce que le trio nous réserve pour leur deuxième album prévu pour août prochain.

SKX (06/05/2014)