beigeeagleboys
reptilian


Beige Eagle Boys
You're Gonna Get Yours – LP
Reptilian 2014

Le premier album du groupe de Detroit Beige Eagle Boys commence par I Saw Your Face On The Pavement. Et ta gueule sur le trottoir, c'est toute l'esthétique de You're Gonna Get Yours, le résumé idéal d'une bande-son dans une vidéo brutale. C'est sale, ça bave de partout, mortellement délirant et joyeusement débile, violemment funèbre, distordu comme un choc frontal, ça castagne à tous les étages, ça sent la sortie de route à chaque instant mais Beige Eagle Boys trace son chemin comme dans une course-poursuite infernale, c'est à dire sans se soucier des femmes et des enfants et en sachant pertinemment qu'ils finiront par se scratcher dans le mur. Le baiser de la mort, le déluge qui s’abat et l'uppercut dans la tronche, un art de vivre pour Beige Eagle Boys.
Un groupe à qui on devait la compilation Everyone's Dead Before They Leave, A Tribute to The Cherubs et ça tombe bien parce que des Cherubs, il en est beaucoup question. Mais de Unsane aussi et toute une frange de groupes noise-rock qui n'ont rien à foutre des conventions. Parce que c'est ce qui est bien avec Beige Eagle Boys. Ils se tapent de la perfection comme de leur première culotte, les dérapages sont une deuxième peau, ils jouent sans retenue, avec un plaisir évident et maximum, ne se prennent pas au sérieux et infusent du fun dès qu'ils peuvent comme sur You Can Make The Beat Go Boom, Baby, Katy Perry et Dirty Laundry, une reprise très personnelle d'un morceau hyper années 80 de Don Henley avec solo de la mort édifiant pour s'achever dans un grand éclat de dérision. Magnifiques branleurs.
Les voix sont multiples. Le bassiste, le guitariste et même le chanteur, tout le monde s'y met dans une gaillarde sarabande d'intonations allant du bestialement incorrect mais bassement jouissif au hurlé avec le grain de démence dans le fond de la gorge en passant par le dégénéré incontrôlable, feu d'artifice à la gloire du rock'n'roll qui suinte dans chacun des dix titres tous expédiés avec une déraison certaine. Certains morceaux sont dans le basique dont on se lassera sans doute plus rapidement mais You're Gonna Get Yours comporte surtout des moments d'anthologie comme la triplette d'ouverture I Saw Your Face On The Pavement, You Can Make The Beat Go Boom, Baby et You ruined everything. Nothing's Ever good enough/Scrambler est aussi assez exceptionnel et surprenant avec son début qui sonne comme du Swervedriver et un chant mélodique avant de subitement passer à une virile attaque punk rudimentaire et explosive. Face B, Burning Cantina invoque Slug sur l'autel de l'affolement des sens. Idem pour le dépravé Not My Fault. Le disque noise-rock le plus extraverti, déglingué et jubilatoire de l'année.

SKX (25/10/2014)