regents
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Regents
Antietam Afterparty - LP
Lovitt 2012

Les anciens font du neuf avec du vieux. Autant se servir chez soi même. Après un amuse-gueule fort appétissant, les ex-Frodus, Maximillian Colby, Sleepytime Trio et j'en oublie volontairement, reviennent dare-dare avec un premier album qui tire son nom de la bataille la plus meurtrière de la guerre de Sécession, la bataille d'Antietam.
Cependant, un nom parmi ces glorieux anciens se doit tout de même d'être cité, celui de J. Robbins, l'ex-Jawbox qui a non seulement enregistré le disque mais tenu la basse suite aux différentes défections de Dan Evans, Lukas Previn (Thursday) et l'ex-Sleepytime Trio Ben Davis. Voilà qui rajoute de l'épaisseur au CV mais n'est pas garant de qualité. On en a vu des super groupes se vautrer lamentablement dans leur vomi d'un autre âge (n'est-ce pas… J. Robbins ?!).
Mais avec Regents, point de déception. Certes, rien de novateur me direz-vous. Les critères de beauté et d'efficacité sont dûment remplis. L'emo-hardcore-noise tourne à plein régime. Shotmaker à l'encontre du son de San Diego et un détour par la case Dischord records, on a quasi rien fait de mieux dans le style alors autant en reprendre une bonne louchée. Les vieux savent y faire. En cadence et à un rythme effréné. Sept titres atteignant parfois les deux minutes, pas le temps de radoter, ça claque, ça s'écorche les cordes vocales avec conviction, juste ce qu'il faut de fractures et coups de latte dans les rotules, une idée et une seule mais exploitée jusqu'à la moelle, essorée et vidée.
Mais finalement, c'est quand ils allongent le tir que Regents se montre le plus appréciable. Quand ils prennent leur temps pour compliquer les mesures et installer autre chose qu'un cri urgent et virulent. Les quatre minutes de Swell As Well sont à ce titre foutrement convaincantes, tout comme Listen to Sorry à un degré moindre et surtout les cinq minutes finales de Rest Insured. Un genre de chant comparable à l'appel d'un muezzin dont on ne sait si c'est un sample ou non, se poursuivant sur un riff cyclique et une belle tension larvée montrant que Regents en garde sous la pédale et qu'ils pourrait être encore plus consistants s'ils n'essayaient pas de se comporter comme de jeunes poulains fougueux la plupart du temps.
Les anciens ne font donc pas du neuf avec du vieux mais avec un entrain, une spontanéité et un savoir-faire qui font qu'on se surprend encore à aimer ça.

SKX (19/01/2013)