nicoffeine
blunoise



Nicoffeine
Au Revoir Golden Air - LP
Blunoise 2013

Qu'allaient-ils pouvoir faire de plus ? Le trio allemand thermonucléaire Nicoffeine était déjà sur le haut du champignon atomique avec leur précédent album Lighthealer Stalking Flashplayer. Atteindre la lune n'aurait pas été raisonnable et plutôt que de tomber dans la surenchère, la débauche sonore qui rend aveugle, Nicoffeine choisit les chemins de traverse.
Ce qui n'est pas encore le cas pendant leurs concerts. Revu le 5 juin dernier au Sympatic Bar, Nicoffeine est toujours cette masse énorme, cette boule de feu à la limite de l'audible. Si la première fois, ça impressionne l'homme qui a vu l'homme qui a vu l'ours, la deuxième, sans vouloir faire son blasé, fait déjà moins peur. Jouant avec toujours la même conviction, c'est à dire comme si c'était la dernière fois de leur vie et à un volume sonore indigne, ne permet pas d'apprécier à sa juste valeur les nuances que Nicoffeine, malgré sa réputation de bêtes sanguinaires, est capable d'apporter sur disque.
Surtout dans un lieu tenant de la cabine téléphonique. Tu en ressors saoulé, roué de coups mais sans avoir ressenti grand chose à l'intérieur de ton petit ventre. Et sourd, bien sûr.
Avec Au Revoir Golden Air, Nicoffeine a donc décidé de resserrer le propos. Exit les morceaux péplum. A part un dernier titre de treize minutes, le trio de Koblenz se tient à six compos réglementaires de trois ou quatre minutes. On croit rêver. Nicoffeine n'essaye pas de jouer plus vite, plus fort, plus haut. Le batteur maintient une pression digne de ce nom, tape dans tous les sens avec force et vivacité comme un bûcheron sous acide, le guitariste fritte toujours dans les aigus, voir encore plus que d'habitude, jusqu'à couvrir le bassiste qui aurait presque du mal à se faire entendre (et c'est bien dommage) mais les morceaux ne sont plus aussi impressionnants. L'instrumental (à de rares cris de dément près dans le fond du mix ou de surprenants chœurs psychédéliques) free-blitzkrieg-noise à un goût de fatigué. Loin des perles Holy Hell of a Himmel et Milf & Honey du précédent disque. Le trio accentue son coté free et psyché-noise au détriment de la face brute et rock.
Dans les crédits, il est noté Soundscapes pour le batteur et le bassiste et effectivement, surtout sur le très long morceau final ou le tout premier (Goldenbergersteeg), Nicoffeine ne rue pas dans les brancards et taille des paysages sonores, qui ont certes toujours un arrière-goût d'apocalypse mais qui n'est pas loin de provoquer un bâillement comme celui du guitariste Soheyl Nassary à l'intérieur de la belle pochette gatefold. Pourtant, Nicoffeine reste prompt à envoyer quelques missiles bien sentis qui nettoient derrière les oreilles mais on s'habitue à tout, même à la pire sauvagerie. Au Revoir Golden Air, c'est effectivement au revoir l'âge d'or d'un album précédent inégalable, la tentative de faire autre chose tout en maintenant la tradition. Un album honnête et parfois jouissif mais sur lequel souffle un parfum d'inabouti et de déception.

SKX (06/07/2013)