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Le Singe Blanc
Aoûtat - CD
Whosbrain/La Face Cachée 2013

Les grimaces du Singe Blanc sont connues. Deux basses, une batterie, des rythmes tordus, un groove extravagant pour des roulements de bassin complètement braques et des chants mongoloïdes, preuve irréfutable que l'homme descend vraiment du singe.
Aoûtat s'inscrit dans la lignée des deux précédents albums, Baï Ho et Babylon. Mais les plaisirs de la vie sont faits de menus détails changeants avec lesquels Le Singe Blanc aime jongler. Dans son charabia inintelligible, le trio messin a glissé quelques bribes identifiées comme du Français, que ce soit le titre Ema Stuper (leur Français reste très personnel) crié à pleins poumons ou déraillant un C'est pas la mort sur Bühns, te faisant sentir homme parmi les bêtes. Et le chant, c'est toujours aussi important chez Le Singe Blanc. Ca chante rarement seul mais en canon, à trois, avec des tribus voisines, à tue-tête, dans tous les sens et en diagonale, ça se répond d'arbre en arbre et ça chante en famille comme sur le titre le plus débile sentant le verlan, Cheuby, et ses rires gras de satisfaction à la fin. Des chants qui ne veulent rien dire mais qui signifie tout pour Le Singe Blanc. Et là, ils ont encore mis le paquet. Tu les enlèves, ils tombent de leur arbre.
Quant à la musique, si Le Singe Blanc a nommé son album Aoûtat, ce n'est pas pour rien. Petite bestiole perfide qui démange, les rythmes sont incendiaires, ludiques, et - ça c'est plus nouveau - carrément irrésistiblement dansants (Moignon et Pampa) ou rentre-dedans et basique. Comme on dit dans le milieu, ça joue sévère, loin des pitreries apparentes. De la créativité, une complicité bluffante. Les arabesques rythmiques du Singe Blanc et ces dizaines de pointes mélodiques agissant comme des dards vous pompant la cervelle sont implacables. Chants et musique se fondent dans un moule spontané et percutant. Ceux qui habituellement adorent ou qui cordialement détestent vont rester sur leurs positions. Et ces derniers ont bien tort. Le Singe Blanc ne faiblit pas et continue de voltiger haut sur la canopée.

SKX (27/02/2013)