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David Yow
Tonight You Look Like a Spider - LP
Joyful Noise 2013

David Yow en solo. L'ex-chanteur de Jesus Lizard et Scratch Acid (je précise pour ceux qui viendraient de découvrir l'électricité) s'est lancé vers 1998/99 dans la composition d'un disque en solitaire. Un type du nom de Mike Patton lui avait bourré le mou et promis une sortie sur Ipecac. Un autre type lui a filé un truc qui doit se nommer Pro Tools et ce cher David Yow s'est mis à bidouiller ce qui lui sortait de sa cervelle amoindrie par des années de noise-rock en état d'ébriété avancé et de canettes de bière en pleine tronche. Depuis 2007, Tonight You Look Like a Spider attendait qu'une bonne âme le sorte de son trou et Joyful Noise records l'a fait. Hélas.
Parce que si vous vous attendiez à un ersatz de Jesus Lizard - ce qui ma foi en mode solo serait très curieux à entendre - c'est complètement raté. Ce n'est pas non plus de longues complaintes d'un cowboy en retraite, seul avec sa guitare acoustique au coin d'un feu de misère. Non, c'est la musique d'un type le nez sur un écran assemblant toutes sortes de sons, qu'ils soient synthétiques ou provenant de réels instruments, avec des samples de voix humaines, voir de son propre organe (va savoir), des drones, des crissements, du vide, un peu de rythmes concassés, de la musique classique pour débutant et beaucoup de piano, élément central de l’œuvre de David Yow, ce grand compositeur devant l'éternel. Le tout pourrait sonner comme la bande-son d'un film. Un film légèrement effrayant, grand-guignolesque, bizarre et qui se rapprocherait de la série Z. Voir David Yow faire de la musique qu'on peut cataloguer d'expérimentale ou de vaguement electro a quelquechose d'assez cocasse. Je me souviens d'une interview où il reniait en partie Pure, le premier mini-lp de Jesus Lizard, à cause de la boite à rythme, une putain de machine. Alors voir cet indécrottable punk-rocker se dépatouiller avec Pro Tools est presque irréel.
Tonight You Look Like a Spider n'est pourtant pas une bouse innommable et inécoutable, juste un disque profondément anecdotique et plat, des compos limitées et d'un ennui mortel qui, si il n'avait pas Yow marqué au burin sur la pochette, serait totalement passé inaperçu, voir descendu en règle en deux lignes trois mouvements par une presse très indulgente à son égard d'après ce que j'ai pu en lire.
Alors malgré tout le respect que j'ai pour David Yow, ces bandes, il aurait dû les garder à jamais sur son disque dur. Et se consacrer à son autre hobby qui a l'air tout aussi édifiant. Bravo en tout cas à lui et son label d'avoir enculer à sec les 50 personnes qui ont lâché un gros paquet de dollars pour se procurer la version ultra limitée de ce disque fourni avec une pochette-bloc de ciment. Ils doivent bien avoir mal au cul au désormais.

SKX (18/10/2013)

PS : David, c'est toi que j'aime.