whitesuns
load


White Suns
Sinews - LP
Load 2012

Les soleils blancs brillent de mille feux. Milliards d'épingles explosant sous la chaleur étouffante d'une nuit new-yorkaise, se logent entre la peau et le nerf, excitent les tensions, exacerbent la souffrance et fouettent le sang. Après nous avoir bien laminé le réservoir, le trio de Brooklyn passe à Providence chez le label Load records, chaussure qui sied très bien à leurs pieds crochus aimant piétiner le bruit, blanc comme leur soleil.
Et les chacals aveuglés par tant de lumière ont fini par ne plus crier au loup. Après l'acte masturbatoire gratuit mais ô combien jouissif de Waking in the Reservoir, White Suns dose. Entre la décharge brutale d'un bruit acéré et cannibale et les effluves de triturations électroniques, entre les cris d'une voix possédée et les crispations d'une guitare, entre le martèlement acharné du marteau ou l'absence de rythmes, White Suns n'a pas tranché.
Sur chacun des six titres, White Suns mélange, soupèse, pulvérise, contracte, allant plus loin dans la précision, rendant sa science du bruit plus percutante. Noise, expérimental mais rock toujours dans l'énergie et l'intensité rayonnante qui s'en dégage, Sinews est d'un équilibre parfait. Les arpèges métalliques de Flesh Vault sur fond d'embrouille bruitiste dont l'aura rappelle Confusion is Sex. Les nombreux stop-and-go. Les ramonages en règle d'instruments crucifiés. Cette voix toujours qui vous met une putain de pression. Des rythmes entre deux, lancinants, stressants puis frénétiques, martiaux. Le nappage d'ondes électriques néfastes et d'effets de rouille synthétique, toujours tapi dans l'ombre mais essentiel à l'atmosphère aliénante. Les monstrueux Cenote ou Oath clôturant l'album. White Suns donne corps et consistance à son noise-rock de furieux, réussi à remarquablement assembler une matière noire qui n'a pas fini de briller, une boule de feu intransigeante qui ne va pas faire que passer mais réchauffer et illuminer nos cerveaux malades jusqu'à ce que mort s'en suive.

SKX (28/05/2012)