swordheaven
load

Sword Heaven
Gone - LP
Load 2010

L'heure du jugement dernier avec Sword Heaven. Toutes les souffrances du monde, les têtes vont tomber. Duo originaire de Columbus (Ohio), Aaron Hibbs et Mark Van Fleet pratiquent le terrorisme par le bruit, une forme obscure et très occidentalisé du yoga, le bien-être et la plénitude qui vous envahissent à la fin de ce disque étant équivalente à trois heures en position du Lotus. Cathartique. Vider de l'intérieur. Un Load records comme on l'adore et qui lui ont valu ces lettres de noblesse.
Sword Heaven, monstrueuse faucheuse avec un kit de batterie/percussions ravagé par des baguettes maillet dans un pur style vogue la galère. Des branchements sauvages reliant des fils à des boîtiers perclus d'électronique, eux-mêmes enchaînés à des pédales d'effets, et qui finissent scotché à la gorge du batteur. Ma voix est inhumaine mais je t'assure, je vais bien. Une pauvre guitare perdue au milieu de tout ça et même un truc en bois pendu au cou de Van Fleet, et qui ne doit pas servir qu'à dégommer toutes les têtes du premier rang. Mais des photos valent souvent mieux que de longs discours. On imagine l'intensité cauchemardesque d'un concert de Sword Heaven. Cet album, le premier enregistré en studio dixit le label, après de multiples enregistrements sous CDrs, cassettes, split LP et singles qui hantent l'underground et les nuits d'un commercial d'Universal, ne capte sans doute pas toute la chaleur étouffante d'un show de Sword Heaven, réputé pour ne pas faire mine.
Ces trois titres suffisent cependant à rendre compte de l'énorme capacité de nuisance dont le duo est affublé. Excepté les huit minutes de Driving Through Old Town où l'ambiance fielleuse et parasitée manque de rythmes pour soutenir l'attention, les deux autres compositions, Dead End et So What s'étalent magistralement sur les deux faces d'un vinyle aussi noire que l'aura de ces deux titres. Les rythmes deviennent lourdement tribaux ou puissamment martelants, le fatras électronique, méchamment menaçant, sifflant, grésillant, sculpte une ambiance à couper au couteau et les hurlements du batteur Hibbs rajoutent au malaise, type chambre de torture syrienne. Un spectacle qui à l'air effroyable dit comme ça - et il l'est - mais aussi aliénant, sur le mode répétitif pour So What et qui arrive à vous tenir en haleine sans faillir. Pas un mince exploit pour ce disque dont la pochette fait étrangement penser au Closer de Joy Division.

SKX (17/01/2012)