neptune
northernspy


Neptune
Msg Rcvd - LP
Northern Spy 2012

Découvert lors de leur venue à Rennes le 14 mars dernier, sentant encore la chaleur du pressage démoulé à sec et embarquer suite à un concert somme toute convaincant, msg rcvd, énième et tout nouvel album du trio de Boston, titre tout en minuscule pour un album qu'on espère majeur. Mais on sait bien que l'expérience scénique et l'expérience vinylique sont deux mamelles balançant souvent chacune de leur coté. msg rcvd va le prouver une nouvelle fois, sans pour autant plonger au niveau de la crise d'angoisse que représentait l'album précédent, le stérile Silent Partner. Neptune concentre désormais son axe de recherche sur les rythmiques, au détriment des guitares, même si on compte encore les lambeaux d'une ou deux. Des rythmiques variées, que ce soit avec la batterie bizarroïde et transparente de Kevin Micka ou le amplified gas can and metal bucket servant de percussions du futur à Jason Sanford. Mark Pearson n'est pas en reste non plus, tapant sur son drôle de synthé, ignorant la signification du mot harmonie, utilisant de fait cette machine bricolée à la maison comme d'une basse. Vous rajoutez tout un tas d'oscillateurs, de sine wave generator, feedback organ et radio sequencer et vous avez la panoplie parfaite de la convivialité et détente assurées entre amis qui ne demandent qu'à rester finir les petits fours.
msg rcvd surpasse tout de même son prédécesseur Silent Partner grâce à une dynamique plus accentuée. Ce ne sont pas encore les grosses chaleurs mais l'agencement des rythmes avec la diffusion multifaisceaux des triturations de toutes sortes semble plus judicieux. C'est ce que nous donne à croire en tout cas Luminous Skull, morceau d'ouverture porteur d'espoir. Neptune retrouve du mordant, serre les poings, la présence d'une guitare n'est pas étrangère à ce sentiment de révolte, pour huit minutes de Neptune comme on l'aime : pile à cheval entre l'expérimentation et le rock. Mais c'est pour être mieux désarçonné sur le suivant, Dark Report, interminable dix minutes de répétitions glaciales. Typique du morceau qui sur scène passait bien mais se révèle chiant comme la mort sur disque. Le jeu percussif de Sanford perd toute son ampleur, son chant de moine tibétain donne du poids à l'intervention chinoise et malgré les brusques interventions bruitistes, il est difficile d'arriver jusqu'à la fin sans crier pitié. C'est tout pour la face A, maniant à merveille la douche écossaise.
La face B ne va pas éclairer nos doutes. Deux titres courts. Un entraînant et un - ça fait mal de le dire avec un titre aussi pourri - rpr réussi et un quasi silencieux et inutile Natural Systems. Deux longs dans les sept minutes où on sent bien la volonté de Neptune d'amener un peu de pétulance, une fréquence cardiaque plus soutenue et de l'épaisseur dans leur froideur naturelle, voir une certaine beauté dans ce champ de désolation (sur dstl sgnl), mais le minimalisme noise et l'hypnose à coup de répétitions finissant par tourner à vide restent de mise. Le résultat est donc mitigé et l'impact (physique) bien moindre que pendant le concert. Peut (beaucoup) mieux faire.

SKX (26/03/2012)