glu
lamort


Glu/LaMort
Split CD
Rekin/Vulva Prod. 2011

Glu, LaMort. Générique glamour qui donne envie de courir nu sur les plages de Malibu, ventes exponentielles sur le marché du ludique, conquis par tant de bonheur à portée de main. Association pour le pire et pour le pire. Demain tout sera sombre, demain ce sera morose, demain c'est pas de la rose. Un faux split bien rempli. Deux albums, deux groupes sur un seul et même CD. Glu ne fait jamais mine, vomit treize titres (dont Mort, une reprise de… LaMort), cinquante minutes de psychothérapie pendant lesquelles Glu a tout fait. Composé, enregistré et mixé. Des autistes. LaMort se contente de cinq morceaux s'étalant sur plus de vingt bonnes minutes mais la douleur est aussi présente. Ce split ressemble fort à un ticket longue durée pour l'enfer.
Glu, c'est cette chose cachée qui sort parfois de sa cave bordelaise, cette chose honteuse qui s'était tue pendant plus de dix ans après seulement deux singles avant que la bête ne ressorte en 2007. Depuis, elle est intarissable. Un album, un vrai split et un single à paraître avec Plastobeton. Volubile et en forme. Malgré le minimalisme de la formule, les deux seules guitares de Yvon Tutein et Bruno Lacaussague et le chant de Pierre Poirier continuent de briller, de charcuter en rondelle, de polir les maigres espoirs. Un trio creusant son trou avec toujours autant d'idées, de riffs grinçants, torrentueux, larsens fielleux. L'impression qu'ils ont même étoffé leur jeu. Deux guitares encore plus cruelles dans leur complémentarité. La brute et la méchante. Tout dans les aigues qui percent. Pendant que l'une taille, la deuxième lame achève.
Un écrin idéal pour les textes du chanteur sans qui Glu ne serait pas ce groupe si singulier et corrosif. Treize titres en quatre lettres chacun d'un français qui fait froid dans le dos, met le malaise dans notre petit confort. Quelques phrases cinglantes et répétées pour bien vous l'enfoncer dans le crâne, le quotidien implacablement disséqué dans une économie de mots qui stimule la face noire de votre imagination. Mais qui, comme les guitares, sait aussi étoffer ses textes pour narrer des histoires sordides et, pire que tout, finissent par faire rire, révélant un humour dont on ne sait si il est volontaire. John, un hommage à Travolta (?), c'est elle qui m'a choisi, moi le roi de la danse ou le dernier titre, Cuir, histoire d'un bon coup de fouet sur les fesses. Il fallait obéir / maintenant il est trop tard / la badine est prête / le fouet n'est pas loin / bientôt des marques rouges. Ou c'est juste qu'il est préférable d'en rire, au cas où.
Cinquante minutes de Glu, c'est vraiment mettre les deux pieds dans la merde, ça colle, ça pue et on ne peut plus s'en débarrasser, ça reste dans votre crâne. Comme les pommes, on pourrira par la queue.
Glu, groupe unique dans le paysage sonore français. Il serait temps de s'en apercevoir.

LaMort, après ça, c'est la seule chose de bon qui peut nous arriver. Un autre trio, de l'autre sud de la France, à l'est, du coté de Marseille. La tâche n'est pas aisée de passer après Glu. Mais mon petit doigt me dit qu'ils en ont rien à foutre. Même pas peur. Et surtout pas de la mort. Spécialistes également de la vomissure, des éclaboussures punks crades et noise, de l'anarchie, du grand n'importe quoi s'étalant sur sept minutes (Gore Bless You ou La Tombe) où de l'éjaculation précoce d'une minute (Ulcerous Pathologic Morbidity). Du doom lo-fi avec un chant en anglais ressemblant à de la bouillie graveleuse, un psychédélisme glauque joliment navrant, du grind de ferrailleurs tragico-comique. C'est largement moins convaincant que Glu mais le goût nauséeux dans la bouche fait qu'ils sont de parfaits compagnons de cordée. D'ailleurs, ils y vont de leur petite reprise de leurs camarades, le morceau Vivre dans ta tête. Personnellement, je décline l'invitation. Ecouter ce disque est une prise de risque suffisamment grande.

SKX (27/01/2012)