kaos-kontrol

Le travail d'archivistes de l'inutile, d'archéologues du rock qui feraient mieux de laisser pourrir les disques là où ils étaient m'a toujours sidéré. Un peu comme tous ces webzines parlant avec véhémence d'obscurs groupes tirant à 124 exemplaires et qui n'intéresseront au final que trois péquenots. Tiens, j'vais aller m'pendre.
Les labels finlandais Kaos Kontrol et Arkisto ont décidé de déterrer un groupe tout aussi finlandais qu'eux, qui n'a jamais intéressé personne de son vivant, n'a sorti que quatre pauvres cassettes démos et qui, treize ans plus tard, n'intéressera toujours pas plus de monde. Cette beauté du geste, ce sens du sacrifice, ça me boulversifie à chaque fois. Forkboy est donc le nom de ce très obscur groupe, né à Oulu en 1993 et si jamais personne n'a cru bon sortir un disque du temps de leur splendeur, c'est qu'il y a sûrement une raison. On peut objecter un je m'en foutisme caractérisé du groupe, un amateurisme flagrant, une mauvaise conjonction des étoiles ou plus prosaïquement, une musique à chier. Même pas, on connait des groupes merdiques pour qui les labels se bousculent pour sortir leurs flatulences. Celles de Forkboy ont la douce odeur du noise-rock historique, la saleté des groupes d'Amphetamine Reptile alliée, la méchanceté d'un Cherubs et la rusticité d'un Spores. Quinze titres issus de quatre sessions d'enregistrements différentes, dont la qualité évolue avec le temps, remastérisé pour les bienfaits du CD, qui n'a rien de révolutionnaire, de mieux que le voisin ou souffrant du syndrome du pyramidale trésor caché dont tout le monde se demande, mais comment est-ce Dieu possible que personne n'ait entendu parler d'eux ?! Mais comme ils le disent eux-mêmes sur les notes intérieures du livret, le principal était de prendre son pied à faire modestement tout ce bordel. Pour tout ceux qui n'en ont jamais assez ou chez qui sommeillent les germes de l'archiviste intraitable, ce bordel est louable et on remercie les deux labels de le faire partager.

SKX (29/03/2012)