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safetymeeting


Ferocious Fucking Teeth
Ferocious Fucking Teeth - LP+CD
Safety Meeting 2012

Ferocious Fucking Teeth. Avec un nom pareil, on s'attend à être bouffé tout cru, s'en prendre plein les gencives, qu'il ne restera plus que des chicots à la fin du combat et on sera content d'être venu. Quand on sait en plus que deux batteries prennent place dans ce quintet du Connecticut, avec deux guitares (dont une barytone) et un chanteur pour pousser au cul, que Steve Albini s'est chargé de mettre leur premier album en boite, on peut s'attendre à souffrir des dents et surtout des tympans.
Et effectivement, parfois, ça saigne. On sent bien le poids des deux batteries sur la nuque. Les roulements et le matraquage associés dans un lupanar où ça sent le vieux bouc, des sonorités graves qui dominent, comme si on avait mis trois paires de Godheadsilo dans la même pièce. Mais la grande qualité de cet album, c'est que Ferocious Fucking Teeth fait preuve de discernement. Loin, très loin du rouleau-compresseur supposé, écrabouillant tout sur son passage sans laisser de survivants.
Un disque varié qui peut attaquer les molaires à la fraiseuse puis s'asseoir sur la cadence, virer vers un hardcore-noise lourd et poisseux de maréchal-ferrant, voir slowcore surprenant et ballade virile sur Putting The 'O' Back in Country. La jouer méchamment noise-rock, abrasif, riffs menaçants pour mieux désarçonner sur quelques arpèges reposants ou lignes de guitares plus mélodiques. Ferocious Fucking Teeth ménage ses effets, le plus souvent au sein d'un même morceau, commençant pied au plancher avant de mettre les deux dans le béton ou le contraire, sans que jamais la frontière soit nettement délimitée. A la lisière des abîmes, les ailes racornies, la belle affaire, avec une paire de morceaux enlevés, du mid-tempo confondu, avançant d'un pas ferme sur des chants de vieux papier gras. L'impression dominante reste tout de même l'écrasement, le poids du quotidien aliénant, le goût de sang et de terre dans la bouche mais avec des solutions de repli de la part d'un groupe plus malin que la moyenne, ce qui, franchement, ne se lit pas sur leurs tronches.
Un disque puissamment posé sur un socle simple, privilégiant l'émotion à la démonstration. Ce n'était pas couru d'avance. Venez donc vous arracher une dent en toute confiance.

SKX (27/04/2012)