thecatalyst
forcefield


The Catalyst
Voyager - LP
Forcefield 2012

Dans l'indifférence générale était sorti en 2009 Swallow Your Teeth, premier album de The Catalyst. Le nouveau Voyager va sûrement suivre une trajectoire identique, c'est à dire au raz des pâquerettes de la gloire. Il faut dire que The Catalyst évolue dans un monde où les groupes pratiquant un hardcore velu et tourmenté ne manquent pas et ça fait un moment que ça dure. Mais pas plus que dans d'autres genres me rétorquerez-vous, au hasard le post-rock ou le math-rock, alors allons-y gaiement, pas de raison que The Catalyst n'ait pas droit de citer. D'ailleurs, tout ça ce sont des conneries de scribouilleurs. A les écouter, leur groupe n'est pas qualifiable et ils ne savent pas quelle est la nature de leur bruit (If there's a name for this noise, we haven't thought of it yet).
Le groupe de Fairfax relocalisé à Richmond a connu un changement important depuis trois ans. Le guitariste Jamie Faulstich qui faisait aussi de la batterie sur cinq morceaux de l'album précédent s'est fait la malle. The Catalyst n'a pas eu recours aux petites annonces pour le remplacer. Ils ont fait avec et le quatuor est devenu trio. Ce qui n'altère en rien leur force de frappe et leur fureur. Bien au contraire. Miracle de la nature (et d'un bon studio), le son est encore plus titanesque. Le guitariste a doublé, triplé, dynamité le son de ses pauvres six cordes. Riffs épais, plaqués à plat et frisés à sec, effets multiples, vitesse d'exécution, basse qui rentre dans le lard, rythmes en rafales et sérieuse soufflante dans les bronches. The Catalyst a perdu la richesse et la variété que lui apportaient deux guitares et a gagné en brutalité et en acharnement thérapeutique pour faire encore plus souffrir les molaires. Moins de tourbillons et de finesse contre du rentre-dedans qui en impose, camarade, choisis ton camp.
Bin justement, j'ai pas envie de choisir. Certains jours, mon petit cœur trop sensible me dit que cette musique d'ostrogotes manque franchement de discernement là où Swallow Your Teeth savait mettre de la nuance, du relief avec des creux pour faire souffler et une folie moins grossière et la voix moins poilue. Les autres jours où la haine est en moi et que l'hygiène laisse à désirer sous les dessous de bras, cet excès d'hormones trouve sa place au coté du plus malsain des Today Is The Day, avec le vernis métallisé de Converge, des déhanchements plus rock'n'roll de la mort à la Botch (Breathers) et une couche granuleuse de noise-rock d'un Unsane très viril. Capable de morceaux de bravoure retors contredisant le manque de variétés comme Square Waves qui des vagues, en fait beaucoup et pas franchement carrées.
Au final, c'est le déluge qui l'emporte et le passage en force, une panoplie de titres qui ne font pas de pitié, sauvages, moins bas du front qu'ils en avaient l'air de prime abord et un dernier titre d'une simili ballade puissante et mid-tempo, Voyager, qui vous envoie sur la lune alors que cet album était loin de nous la promettre au début. A moins que ce soit dans le trou noir d'un disque dont on ne ressort pas indemne dans un style pourtant archi-rabattu. Pour le meilleur et pour le pire.

SKX (22/11/2012)