cacaw
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Cacaw
Bat Skin Robes - cassette
Rotted Tooth 2011

Il a fallu se résoudre à acheter une maudite cassette pour immortaliser le troisième album de Cacaw. On aurait pu se contenter d'une version immatérielle que vous n'aurez pas de mal à trouver en vous en donnant la peine mais on est matérialiste et on l'assume. Le vinyle est pourtant annoncé depuis l'automne dernier sur Permanent records mais les quatre de Chicago ont eu la mauvaise idée de splitter au même moment, mettant en hiatus le bien-fondé d'une sortie pour un label hésitant d'un coup à mettre des ronds sur un groupe parti en fumée.
Ce qui est d'autant plus regrettable car Bat Skin Robes est le meilleur des trois albums que Cacaw a réalisé dans sa chienne de vie. Rotted Tooth, autre label de miséreux de Chicago avait eu la présence d'esprit d'éditer 200 cassettes l'été dernier pour la tournée américaine de Cacaw (avec Tinsel Teeth, judicieusement sous-titré Bad Ass Mother Fuckers Tour) et la n° 194 vient d'échouer en terre bretonne. Pour mieux la saccager.
Cacaw est continuellement monté en intensité, en brutalité et en consistance. Une mayonnaise noise-rock qui atteint son pinacle sur ces six titres, pour pratiquement une demi-heure de vandalisme et de désolation. Et ce qui les rend si teigneux et les différencie d'un groupe noise-rock lambda, c'est qu'on sent bien que ces deux mecs et deux filles ont traîné leurs oreilles dans le metal, dans tout ce qui est lourd, sale, extrême, rendant leur musique plus agressive que la moyenne. Sorte de trash-noise-rock particulièrement parlant sur la volée de riffs s'abattant sur Beleg Betek An Douar et la saisissante vitesse s'emparant de Conquering The Green Dragon.
Cacaw parle de Bat Skin Robes comme de son premier véritable enregistrement studio. Comprenne qui pourra mais on ressent effectivement bien une puissance et une lourdeur accrue, un son digne de recevoir la charge de Cacaw. C'est dommage d'écouter ça sur une putain de cassette, avec un son comme légèrement étouffé (faut dire qu'avoir un magnétocassette albanais datant de 1956 n'aide pas) mais c'est un détail que Cacaw écrase de toute sa densité. Un rouleau compresseur faisant bien sentir tout le poids des deux basses. Une guitare qui se taille sans aucun souci un chemin à coup de machette dans ce fatras de rythmes. Une fille au chant que si elle en avait une paire, on ne serait pas étonné. L'oppression est constante, Cacaw joue sur la répétition de notes, l'adrénaline qui monte par strates sonores et le volume dans le rouge.
Il serait dommage qu'un label n'ait pas la bonté d'âme d'offrir sur vinyle cette grandiose punition à un plus grand nombre.

SKX (10/02/2012)

P.S. : Depuis, les deux mâles, Zack Weil et Kyle Reynolds, n'ont pas perdu de temps et ont déjà reformé un groupe, Oozing Wound, groupe qui n'est pas du genre à faire non plus dans la dentelle et qui semble reprendre brillamment le flambeau.