tormenta
africantape


Tormenta
La Ligne Âpre - CD
Africantape 2011

Tempête sous un crâne. Âpre est la ligne car elle est toute sauf droite. On plonge dans un disque hybride. Broderies sonores de marteau-pilon. Entre le fer du métal et l'enclume du math-rock. Avec des clous noise-rock d'un calibre futuriste qui n'hésite pas à titiller l'expérimental pour faire sortir… des clous. Déviation d'une ligne toute tracée qui rend les structures vertigineuses. Oh ! dis, grand-père, raconte-moi encore l'histoire de la belle sultane. Vous n'y croirez pas. Vincent Beysselance nous fait le coup du revenant. L'ex-batteur de Cheval de Frise n'a pas fini d'entendre siffler à ces oreilles, le doux bruit de son passé mais son jeu de baguettes, ces polyrythmies, ne pas se contenter de faire simple quand on a la capacité de faire compliquer sans que rien ne transpire, je me sens comme une jeune ablette à ces plus beaux jours. Mais la cuirasse est tout autre. Deux guitaristes l'encadrent, le temps de cet enregistrement, avant de passer en duo pour le présent. Ca exhale un parfum lourd. Les mélodies se superposent. Les riffs sont chargés. C'est le métal qu'un artisan Keelhaul ne renierait pas de battre. Et parfois, le marteau dérape. Seul élément qui peut perturber quand ça devient trop flagrant, que le solo pointe les crocs, que les sonorités se font trop évidentes pour qu'on pense à autre chose qu'à ça. Cacher ce métal que je ne saurais entendre. Mais ça fini par vous englober. Comme dit la sagesse populaire, demain il fera jour.
Tormenta s'attaque donc à sept titres pleins d'ambition, à la recherche de la vue imprenable. Avec de l'amplitude sur du velours épais. Les guitares glissent, à toute berzingue, entre de rudes massifs, ou marchent au pas. Les changements de direction sont fréquents, ça devient presque beau parfois, on en profite pour sortir la basse, on digère bien et on remet une couche qu'on empile avec une autre, pas de répit pour les braves. Et au milieu trône toujours cette batterie. La touche cérébrale qui met cette ligne âpre au-delà de bien des lignes de flottaison. De l'air pour ne pas étouffer. Cette quête incessante de recherche rythmique, on le revoie le batteur derrière son cheval, toujours à tenter de tirer le meilleur de son bourrin et là encore, il nous soigne. La sensation de membre fantôme, morceau moitié glorieux, moitié free avec une batterie cavalant dans tous les sens. Et quand ça ne suffit plus, il sort le violoncelle sur Ubris, le dernier titre qui résume bien toute l'approche de Tormenta. Un métal qui se libère de toutes contraintes ou plus d'une fois on pense à Fuehler dans cette façon majestueuse d'exécuter sa musique, cette puissance aérienne n'hésitant pas à partir à la conquête d'autres territoires. Après un premier EP dont on n'a jamais vu la couleur, ce premier album devrait trouver un tout autre écho car il s'attaque aux murs et ça va en faire trembler plus d'un.

SKX (28/01/2011)