Le swamp-rock de Slug Guts avait bien eu du mal à s'extirper de la boue sur un Howlin' Gang décevant. Sans doute conscient d'avoir atteint là ses limites, les Australiens ont élargi la formule. Un deuxième guitariste, laissant un chanteur à plein temps et avec des gants pour enserrer un micro et rien d'autre, et l'arrivée également d'un saxophoniste pour désormais un swamp-gang à six.
Livin' Evil, c'est le témoignage entre ces deux étapes, le relais entre l'ancienne et la nouvelle formation, un live tout ce qu'il y a de plus officiel mais au tirage ultra limité. 100 exemplaires dont la pochette que vous voyez à coté est une version alternative, la vraie étant juste en-dessous et d'une banalité affligeante.
Un live avec uniquement deux morceaux de Howlin' Gang (Howlin' et Chrome Crucifix), une reprise de Lubricated Goat (In The Raw) et surtout sept inédits qui font tout le piment de ce disque. Des inédits qui ne le resteront pas longtemps puisque le troisième album est prévu pour 2012 mais on va prendre un peu d'avance. Livin' Evil a été enregistré fin 2010 au Globe Theatre de Brisbane, d'une traite semble-t-il, avec les applaudissements du public qui donne l'impression qu'ils étaient au moins onze personnes là-dedans. Le son est correct. Il donne même le sentiment d'être de mieux en mieux, au fur et à mesure des titres qui défilent ou alors c'est l'oreille qui s'habitue à la rusticité de l'enregistrement. Le saxophone a tout de même du mal à se faire entendre, jamais mélodique mais se contentant de quelques soufflantes branchées sur reverb qui ne permettent pas de juger de son apport réel. Sinon, vous pouvez aller voir par vous-même et remarquer au passage le bassiste à deux cordes dans un pur style Woman.
En fait, on n'est guère avancé avec ces nouveaux titres. C'est du Slug Guts, une musique qui fait bloc, des compos toujours un peu sur un ton identique, d'une coloration qui ne varie pas. Evolution pas prépondérante. Mais mon petit doigt me dit que certaines compos comme Creepin' out, Startin' to Whine ou Glory Holes possèdent le caractère suffisant pour élever le niveau. Une fois passées dans les tuyaux d'un studio, le saxo remis à sa place, les deux guitares bien en relief, ces compositions et tout Slug Guts seront peut-être gagnants. En attendant, Livin' Evil est un disque solide, avec au passage une reprise de Lubricated Goat bien fangieuse, dont la qualité n'est toutefois pas suffisante pour se rendre compte de l'avancement de l'état des troupes. A réserver aux fans. Catégorie dont je ne fais pas parti. Cherchez l'erreur.

SKX (28/11/2011)