fastweapons


Sleetmute Nightmute
Night Of The Long Knives - LP
Fast Weapons 2010

On n'y croyait plus à ce disque. La date de sortie officielle aurait dû être 2003 sur le label Troubleman. Une implosion en plein vol plus tard et des membres éparpillés aux quatre coins de multiples projets différents (Die Monitr Batss, Sissy Spacek, AST, Slum etc...), ce premier album a été mort et enterré. Ne subsistait pour la postérité qu'un single sur Fast Weapons (Whites/Hand Of My Hand), et deux titres sur des compilations de Kill rock Stars : The V & V Girls sur un single aux cotés de The Gossip et Erase Errata et un autre, Walking Backwards, sur Tracks & Fields. Suffisant pour créer instantanément des soubresauts admiratifs et les espoirs les plus fous (on dit buzz désormais). Des morceaux inédits avaient bien circulé sur le net mais la nature humaine ne supportant pas le vide, même virtuel, il fallait du dur, de la précision en plus d'une hygiène irréprochable.

Enregistrés en 2003, Night Of The Long Knives présente donc pour l'histoire six morceaux. Une histoire qui prend racine dans les affres de la no-wave, tellement négative cette vague qu'elle n'en finit pas de créer un ressac et qu'au lieu d'une mort brève et violente, elle semble devenir éternelle. On n'est plus à une absurdité prêt.
Teenage Jesus and The Jerks, DNA, une bonne dose du Sonic Youth du tout début, tout ça de face et en pire, façon ère moderne avec Weasel Walter en chef de meute pour la mastérisation 2009. Deux succubes au chant (Alder Suttles et Lanie Fletcher) pour trois guitares en tout (pas de basse), une tempête de stridence, des rafales de caisse claire (blast beats pour les initiés), on comprend tout l'intérêt de l'ex-Flying Luttenbachers. Duel de chant féminins opérant tout les deux dans les aigues sans l'arrière-goût d'agacement (Aids Wolf ou Pre pour ne citer qu'eux), étrange mélopée qui aurait même le don d'envoûter et contrebalancer le sentiment de cacophonie ambiant. Pas de mélodies, que de l'explosif, concassage structurel confinant à la répétition aggravée et traversée par un larsen persistent sur un passage de In Adulthood, long titre qui prend presque toute la face B. Seul répit, la minute de silence au début de Look Back In Anger...He Killed Me First. Tout le reste, c'est lacération et vivisection avec cette impression agréable que tout est sous contrôle, rien n'est gratuit, la tournée de torgnoles sauvage mais parfaitement coordonnée. Un chaos extrêmement jubilatoire qui n'a pas d'âge.

SKX (03/03/2011)