monarch

heathenskulls
Monarch
Sabbat Noir - LP/CD
Heathen Skulls 2010

Il y a quelque chose d'inhabituel sur ce disque de Monarch, une chose qui à priori justifie à elle toute seule que l'on s'intéresse vraiment à Sabbat Noir - car, il faut bien l'avouer, tous les disques de Monarch finissent par tous se ressembler étrangement. Ce quelque chose c'est plus exactement une personne, autrement dit Robert MacManus, auparavant batteur (et guitariste) des incroyables Grey Daturas, groupe australien avec lequel Monarch avait d'ailleurs partagé un split album en 2007. Les Grey Daturas se sont malheureusement séparés début 2010 et MacManus, tombé profondément amoureux, a provisoirement (?) intégré Monarch, malgré les difficultés liées à l'éloignement géographique. Robert MacManus a également organisé toute une tournée australienne pour ses petits protégés français et il a finalement poussé l'aventure jusqu'à publier l'année dernière ce Sabbat Noir sur son propre label. Autant dire que, de toute la discographie de Monarch, voilà l'un des disques les plus difficiles à se procurer à moindres frais, aussi bien dans sa version LP (400 exemplaires) que CD (500 exemplaires). L'actualité plus récente du groupe c'est la publication de Sortilège, un EP enregistré en même temps que Sabbat Noir et uniquement destiné au Japon. Au moment où vous lirez peut être ces lignes Monarch sera d'ailleurs en pleine tournée au pays du soleil levant et le groupe retournera ensuite en Australie en mars prochain.
La première face de Sabbat Noir n'est pas forcément le travail le plus impressionnant effectué jusqu'ici par Monarch. On y apprécie les vibrations concentriques des cymbales, le feedback des guitares, le chant de sorcière possédée d'Emilie, les battements au ralenti, la tension qui monte, bref toutes ces choses qui ont par le passé installé Monarch sur les plus hauts sommets. On attend seulement d'être davantage surpris or on ne l'est pas et sans doute ne le sera-t-on plus jamais par un groupe qui a vraiment trouvé là son mode d'expression et qui ne peut désormais que s'y tenir. Le constat n'a pourtant rien de fataliste et n'est pas si triste pour autant : Monarch a toujours autant de ressources et de puissance, s'imposant malgré tout, diabolique comme jamais. Cette confiance aveugle et acharnée digne d'un fan de base envouté par on ne sait quel maléfice est toutefois largement récompensée sur la deuxième face dominée par un riff tournoyant qui écrase tout, y compris les infidèles les plus sceptiques. Un riff comme on rêverait d'en entendre plus souvent, un riff dont on ne se débarrasse pas facilement, un riff qui vous ensorcèle, étonnamment mélodique malgré son caractère grave et profond. Une vraie beauté noire. En faisant du mauvais esprit on en prétendrait presque que sur cette deuxième face Monarch est à nouveau en état de grâce.
Et Robert MacManus dans tout ça ? Et bien soyons honnêtes : le bonhomme est un bon musicien mais ce qu'il a à faire au sein de Monarch est tellement codifié et donc prévisible que l'on peut penser que n'importe quel batteur sachant jouer correctement n'aurait rien apporté de réellement différent à l'ensemble. C'est tout simplement lors des concerts que la différence s'est fait le plus sentir, MacManus étant vraiment impressionnant à regarder jouer… On attend donc de pied ferme le retour en France de Monarch avec bien sûr le batteur australien dans son line-up de base.

Haz (07/02/2011)