Je ne vous raconte pas la peur que j'ai eue il y a deux ou trois semaines au Fuckfest, troisième du nom : alors que je me remettais très difficilement du concert assez terrifiant de La Race, voilà que je sens une main de fer s'abattre sur mon épaule endolorie… je me retourne, légèrement inquiet, et me retrouve face à face avec le patron de Perte & Fracas qui me toisait de son célèbre regard bleu métallisé de snipper/critique d'art. Non mais imaginez un peu : le patron se trouvait dans la même salle que moi, le même jour et pour y assister aux mêmes concerts ! Impossible de fuir ce regard scrutateur et quelque peu chargé de reproches mais, prétextant malgré tout une urgence impossible à différer, je réussis à m'éclipser et à ne pas recroiser cet encombrant personnage de toute la fin du Fuckfest.
C'était peine perdue : moins d'une semaine plus tard, ne voilà t-il pas que je me retrouvais à nouveau nez à nez avec mon bourreau patronal, qui plus est au Clacson, lors du festival Africantape, chez moi, à Lyon ! Cette fois, impossible d'esquiver l'explication et quelques réprimandes dont je ne vais que vous donner le résumé, parce que ma petite vie de victime du monde moderne, tout le monde s'en fout un peu… en bref : je n'écris pas assez souvent dans Perte & Fracas, en plus je ne fais que des chroniques de disques assez douteux (comprenez : des disques de metal ou affilié) et jamais je n'aurais du te donner carte blanche, espèce de petit salopard, maintenant je le regrette amèrement. Le Breton est vraiment dur en affaire - qu'il soit snob est un débat dans lequel je me refuse de rentrer car, de ce côté-là, je pense avoir à craindre de personne.
Echaudé par les menaces à peine voilées de mon supérieur, je décidais en mon for intérieur de m'amender dès que possible. Fini les chroniques de disques de metal - du moins pour l'instant - même si ça fait toujours grassement rigoler les collègues de K-Fuel. Pour célébrer ce renouveau et ma bonne volonté enfin retrouvée, je vous présente donc La Race et son deuxième disque, sans titre comme le premier. Un seul morceau par face tournant chacune en 45 tours mais que du bon, voire même de l'excellent si vous aimez la no wave, les guitares qui strident et déchirent dans le froid, les voix qui vous crachent à la gueule (en français qui plus est) et les batteries tribales qui vous empalent le cortex. Stefan Eicher Doit Mourir me semble être le titre le plus personnel (et aussi le plus sadique) des deux. File-Moi 20 Boules est excellent dans un registre plus no wave et nihiliste que moi tu meurs - pour les masos, signalons que la fin de cette 2ème face est un lock groove - et 20 boules c'est largement deux fois et demi plus que ce que ce disque vous coutera si jamais vous avez la bonne idée de vous le procurer. Sinon La Race devrait tourner un peu au début du mois de juin 2011, allez donc prendre votre claque.

Haz (09/05/2011)

P.S. du patronat : C'est bon d'être craint.